La Pologne et l’Ukraine ont annoncé un premier accord sur la délicate question des céréales ukrainiennes qui envenime leurs relations.
Varsovie et Kiev ont annoncé ce mardi 3 octobre une décision impliquant la Lituanie qui permettra d’accélérer le transit des céréales ukrainiennes vers d’autres pays, un premier accord entre les deux pays depuis l’annonce mi-septembre d’un embargo polonais sur les importations.
«Nous nous sommes mis d’accord sur une question importante», a déclaré à la presse Robert Telus, ministre polonais de l’Agriculture, à l’issue d’une rencontre tripartite en ligne. «À partir de demain, les contrôles (qui devaient être effectués, NDLR) à la frontière ukraino-polonaise pour les céréales qui transitent par la Lituanie seront effectués sur le territoire lituanien, dans un port lituanien». «La Lituanie assume l’entière responsabilité de ces inspections», a-t-il précisé.
Robert Telus a également assuré que la Pologne continuerait à construire des corridors de transit, «car c’est bon pour les agriculteurs polonais, pour l’Ukraine, pour l’Union européenne et pour le monde entier, puisque les céréales d’Ukraine devraient être acheminées vers les régions qui en manquent».
Accélérer le transit par la Pologne
Il s’agit d’un premier accord entre la Pologne et l’Ukraine depuis le début d’une crise diplomatique entre les deux pays provoquée par l’embargo polonais sur les importations de céréales ukrainiennes. Varsovie a indiqué vouloir protéger son marché et ses agriculteurs contre l’effondrement des prix de ces produits. Le transit des céréales ukrainiennes par la Pologne vers d’autres pays était, lui, resté autorisé.
Selon le ministère ukrainien de l’Agriculture la décision prise mardi «permettra d’accélérer le transit par la Pologne». Dans un communiqué, le ministère déclare également que Varsovie et Vilnius «soutiennent un tel mécanisme de contrôles et le considèrent comme un pas constructif».
Afflux de grains
Depuis le lancement en février 2022 de l’offensive russe en Ukraine, qui entrave l’accès à la mer Noire, les pays voisins de Kiev sont devenus incontournables pour le transit des céréales ukrainiennes vers l’Afrique et le Moyen-Orient.
Les voisins de l’Ukraine ont connu un afflux de grains après la levée des droits de douane de l’Union européenne en mai 2022. Au lieu de rejoindre leurs destinations souhaitées, les céréales sont restées en Europe centrale du fait de problèmes logistiques, de fraude massive et d’un manque de surveillance. À la suite de la saturation des silos et de l’effondrement des prix locaux, plusieurs pays concernés ont donc décrété au printemps un embargo unilatéral.
Bruxelles a formellement approuvé ces restrictions, à titre temporaire et sous réserve de maintenir le passage des céréales vers d’autres destinations. Mais l’accord a expiré mi-septembre et la Commission européenne a décidé de ne pas le renouveler. Kiev a promis en échange des mesures pour mieux contrôler ses flux d’exportation.
La Hongrie, la Pologne et la Slovaquie ont répliqué en prolongeant l’embargo, ce qui a conduit l’Ukraine à porter plainte devant l’OMC. L’embargo a causé une crise dans les relations entre Kiev et Varsovie. Des négociations sur la possibilité d’autoriser les importations des céréales ukrainiennes en Pologne ont été entreprises mais avancent lentement.
Fin septembre, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a déclaré que ni l’Ukraine ni la Pologne n’avaient «besoin de cette guerre des céréales», estimant que la campagne électorale pour les législatives de 15 octobre chez son voisin et allié nourrissait les tensions.
lefigaro