Le FLNC a revendiqué lundi la vingtaine d’explosions contre des bâtiments à travers l’île de Beauté dans la nuit de dimanche à lundi, assurant ne pas avoir « de destin commun avec la France », dans un communiqué transmis au quotidien Corse-Matin. Ces actions interviennent dix jours après la venue en Corse d’Emmanuel Macron, qui a proposé à l’île une « autonomie dans la République ».
Le Front de libération nationale corse (FLNC) refait parler de lui. Une nouvelle « nuit bleue » a frappé la Corse, avec une vingtaine d’explosions visant des habitations dans la nuit de dimanche 8 à lundi 9 octobre, des actions revendiquées par le FLNC dix jours après la venue d’Emmanuel Macron qui a proposé à l’île une « autonomie dans la République ».
Aucun blessé grave n’a à ce stade été recensé par les autorités, qui ont avisé le Parquet national antiterroriste qui devrait « acter sa saisine dans la journée ».
Dès lundi midi, le FLNC a revendiqué ces explosions dans un communiqué transmis au quotidien régional Corse-Matin, avec ces deux uniques phrases en français : « Nous n’avons pas de destin commun avec la France. Revendiquons la série d’actions de la nuit du 8 au 9 octobre 2023. » Le texte se terminait par cette mention en corse : « A Francia Fora » (« la France dehors »).
Ce communiqué est signé par les slogans respectifs, en langue corse, du FLNC-Union des combattants et du FLNC 22 octobre, deux mouvements clandestins autrefois rivaux, qui avaient déposé les armes au milieu des années 2010 et sont aujourd’hui réunis sous la même bannière du FLNC.
Dans le détail, une « dizaine d’attentats » ont été recensés en Corse-du-Sud, touchant des résidences secondaires et un ancien centre des impôts désaffecté à Ajaccio, a indiqué le procureur de la République d’Ajaccio, Nicolas Septe, dans un communiqué.
« Sous réserve d’analyses plus approfondies, les dégradations par incendie et explosions auraient été commises par l’utilisation de différents procédés : de l’explosif, des bonbonnes de gaz et du nitrate, parfois ces différents procédés étant associés », ajoute-t-il.
En Haute-Corse, une douzaine de faits ont été dénombrés, touchant des maisons en construction, une résidence secondaire et un lotissement partiellement occupé.
« Cela ressemble à ce qu’on a pu voir ces derniers mois. (…) Il y a notamment un dispositif avec un extincteur modifié, qui n’a pas explosé. La plupart des explosions sont dues à des bouteilles de gaz mais les choses restent à déterminer. Ce sont des dispositifs artisanaux », a expliqué à l’AFP François Thévenot, procureur de la République par intérim de Bastia.
Après 18 mois de discussions sur l’autonomie
Cette « nouvelle nuit bleue » évoquée par une source proche du dossier intervient une dizaine de jours après la visite du président de la République, qui a proposé à la Corse une « autonomie dans la République » tout en prévenant que ce « moment historique » ne se fera pas « sans » ou « contre » l’État français.
Il venait clore 18 mois de discussions qui avaient débuté après l’explosion de violences insulaires de 2022, consécutives à la mort du militant indépendantiste Yvan Colonna, agressé en prison où il purgeait une peine à perpétuité pour l’assassinat du préfet Érignac en 1998.
La Corse connaît depuis près de deux ans une recrudescence d’incendies criminels et d’explosions visant principalement des résidences secondaires, le plus souvent assortis de tags nationalistes. Ces explosions ont été souvent revendiquées, certaines par le FLNC, d’autres par le mouvement GCC (Ghjuventù Clandestina Corsa), un mouvement clandestin de jeunesse corse.
Selon une source judiciaire en août, 50 enquêtes « en lien avec des incendies criminels ou faits de destruction » en Corse ont été ouvertes par le Parquet national antiterroriste depuis janvier, contre 22 en 2022, trois en 2021 et quatre en 2020.
Dans un autre communiqué de revendication début août, le FLNC appelait à la création d’une « plateforme de résistance patriotique », estimant qu' »aucun accord entre la Corse et la France ne pourra être qualifié d’historique tant qu’il n’entérinera pas la reconnaissance des droits du peuple corse sur sa terre ».
Le FLNC était apparu pour la première fois le 6 mai 1976, jour où policiers et gendarmes trouvèrent la profession de foi de ce nouveau groupe dans les décombres de 18 attentats à l’explosif commis lors d’une première « nuit bleue ». Il est depuis devenu une nébuleuse opaque, résultat de scissions, luttes fratricides et recompositions.
La dernière « nuit bleue » de ce genre remonte à la nuit du 9 au 10 mars 2019, avec sept habitations endommagées.
AFP