Quelles sont les forces et faiblesses de l’armée israélienne face au Hamas ?

Chars d’assaut performants, drones et missiles derniers cris et même armes nucléaires… Israël semble avoir un avantage gigantesque par rapport à la guérilla palestinienne. Pourtant l’État hébreu possède aussi des faiblesses qui pourront nuire à sa sécurité sur le long terme. Capital fait le point sur les forces et les faiblesses de Tsahal.

Après des années de paix relative, Israël pourrait de nouveau participer à une guerre conventionnelle. Après l’offensive massive du Hamas contre les populations de l’État hébreu le 7 octobre dernier, la menace d’une invasion terrestre de la bande de Gaza par des chars israéliens est bien réelle. L’escalade de ce conflit meurtrier voit s’affronter deux camps aux capacités militaires très différentes dans une lutte qui a fait plus d’un millier de morts. Pour savoir comment Tsahal peut réagir contre la guérilla du Hamas ou encore lors d’une confrontation contre le Hezbollah, Capital fait le point sur ce qu’il faut connaître sur l’armée et le complexe militaro-industriel israéliens.

Avec ses 170 000 militaires et ses 465 000 réservistes, Israël dispose d’une vaste armée comparée à la petite taille de son territoire et son relativement faible nombre d’habitants se situant aux alentours des neuf millions . À titre de comparaison, la France qui compte 68 millions d’habitants possède une puissance militaire d’environ 200 000 personnes et de 43 000 réservistes. De plus, le service militaire est obligatoire pour les israéliens âgés de plus de 18 ans ce qui peut renforcer massivement les effectifs de Tsahal lors d’une crise majeure.

Selon une base de données compilée par le SIPRI, un institut de recherche suédois sur les conflits et les armements, Israël a dépensé 23 milliards d’euros pour financer ses troupes en 2020. L’État hébreu utilise quelque 2 634 euros par habitant et consacre 5,2% de son PIB à la défense. Un pourcentage bien plus important que des pays comme les États-Unis qui dépensent 2.8% de leur PIB pour leur armée, la France qui en dépense 2% et qui se rapproche de celui de la Russie, qui est en guerre, avec 6% du PIB employé pour le financement de son armée.

Une doctrine militaire unique
Depuis sa création, ses principes directeurs de Tsahal ont été façonnés par la nécessité pour Israël de se défendre contre ses voisins numériquement supérieurs. L’élément principal de cette doctrine est la conviction que l’État hébreu ne peut pas se permettre de perdre une seule guerre. Les planificateurs de l’armée israélienne estiment que cet objectif ne peut être atteint que par une stratégie défensive qui utilise la mobilisation rapide d’une force écrasante pour porter la guerre à l’ennemi.

Pour remplir ces objectifs, l’armée israélienne est aidée par de solides systèmes d’alerte précoce, l’un des réseaux de défense contre les missiles de théâtre les plus avancés au monde et une force mécanisée comprenant quelque 2 500 chars de combat principaux et plus de 5 000 véhicules blindés de transport de troupes.

Depuis sa création, le corps blindé a joué un rôle de premier plan dans la défense de la sécurité nationale d’Israël. Il a joué un rôle déterminant dans divers conflits, démontrant sa capacité d’adaptation, sa résilience et son importance stratégique sur le champ de bataille. L’efficacité du corps blindé repose sur le déploiement intensif de chars de combat principaux, qui constituent l’épine dorsale de ses prouesses opérationnelles.

Au fil des ans, Israël a mis au point et déployé une gamme variée de modèles de chars avancés, dont la série emblématique des Merkava réputés pour leur conception innovante et leurs capacités défensives efficaces.

En particulier, le Merkava V est entré en service dans les forces de défense israéliennes en 2023 et reste l’un des chars les mieux protégés et les plus offensifs au monde. Ce tank est doté d’une conception innovante qui place le moteur à l’avant, qui agit comme un bouclier pour le compartiment de l’équipage à l’arrière. Cette disposition améliore la capacité de survie de l’équipage en garantissant que tout projectile atteindra d’abord le moteur du char.

Le système de blindage composite et modulaire du tank ajoute une couche supplémentaire de défense contre une variété de menaces, y compris les missiles antichars. Équipé d’un puissant canon à âme lisse de 120 millimètres, le Merkava V offre une véritable puissance de feu. Il est également doté de systèmes de contrôle de tir avancés, permettant un ciblage précis et un engagement efficace des véhicules ennemis et des positions fortifiées.

Israël ne compte pas seulement sur ses unités mécanisées pour vaincre ses ennemis. Parmi les unités d’infanterie spécialisées de Tsahal figurent la brigade Nahal, une unité qui combine formation militaire et agricole, la brigade Kfir, une unité spécialisée dans les combats urbains et la lutte contre le terrorisme, le corps des ingénieurs de combat et les parachutistes. Le commandant de Tsahal est le chef de l’état-major général, un poste soumis au contrôle civil du ministre de la Défense.

Les chefs de l’armée de l’air et de la marine rendent compte au chef d’état-major, tout comme les commandants régionaux et les chefs des différentes directions de la défense. L’une de ces directions est le corps des renseignements qui, avec le Mossad (opérations extérieures) et le Shin Bet (opérations intérieures), constitue les trois piliers de l’appareil israélien de renseignement et de contre-espionnage.

Un complexe militaro-industriel puissant
Pour équiper son armée, Israël a créé l’un des complexes militaro-industriels les plus importants, les plus diversifiés, les plus complexes et les plus rentables au monde. Seul l’Iran est en mesure de rivaliser avec l’État hébreu au niveau régional en ce qui concerne la capacité à concevoir, produire et mettre en œuvre un large éventail de systèmes d’armes avancés.

Contrairement à l’Iran, Israël bénéficie également d’une aide militaire américaine annuelle de plus de 2,9 milliards d’euros, ou plus précisément de subventions pour l’acquisition d’équipements et de services militaires américains, ainsi que du premier accès de la région (et souvent du monde) à la technologie militaire américaine de pointe, comme les avions de chasse Lockheed Martin F-35.

Ces dernières années, grâce à une série de fusions, d’acquisitions et d’expansions à grande échelle sur les marchés étrangers, le secteur de la défense israélien a été dominé par une poignée de grands conglomérats d’armement responsables de la production d’un large éventail d’armes, parmi lesquelles : Israel Aerospace Industries : un géant de la défense appartenant à l’État, responsable de la production d’une gamme d’avions, de drones, de missiles, de systèmes de défense spatiale, de radars et de composants de guerre électronique fabriqués en Israël ou convertis et dérivés.

On retrouve aussi Rafael Advanced Defense Systems, un autre grand conglomérat public de défense et d’aérospatiale, responsable de la création des missiles de la série Tamir utilisés par le Dôme de fer, des éléments du système expérimental de défense aérienne et antimissile par laser Iron Beam, ou encore du système de défense aérienne fronde de David (développé conjointement avec l’américain Raytheon),

Un problème démographique
Malgré tous ces avantages technologiques, tout n’est pas rose pour Tsahal. L’armée israélienne souffre d’une pénurie de personnel, en particulier dans les unités de combat sur le terrain. L’une des causes profondes de cette crise est la croissance des populations arabes et juives qualifiées d’ultra-orthodoxes, qui ne sont pas soumises au service militaire obligatoire. Ces deux groupes représentent aujourd’hui près de 50% de la population en âge d’être enrôlée.

Le déclin de la motivation des jeunes Israéliens à s’engager dans les unités de combat ainsi que l’intérêt accru pour le service de réserve et le service dans les unités technologiques de l’armée israélienne contribuent également à aggraver cette pénurie dans les rangs des forces de combat. Tout comme la récente réduction de la durée du service militaire obligatoire, qui est passée de 36 à 30 mois.

En cas de dernier recours pour sa survie, Israël dispose de missiles nucléaires. Bien qu’officiellement le gouvernement de Benjamin Netanyahou ne dispose pas de l’arme atomique, le Sipri et d’autres organisations internationales affirment que l’État hébreu possède environ 90 ogives nucléaires. Elles sont capables d’être transportées par les missiles balistiques Jéricho, par des sous-marins et par des avions de chasse. Chaque année, Israël produirait entre 10 et 15 nouvelles bombes atomiques.

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