En phase avec la campagne lancée, depuis des mois, par des eurodéputés espagnols contre la tomate marocaine, deux organisations professionnelles agricoles européennes viennent à leur tour demander à la Commission européenne de revoir à la baisse les quotas de ce produit autorisé à entrer sur le marché des Vingt-sept.
Le Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne (COPA) et le Comité général de la coopération agricole de l’Union européenne (COGECA) ont lancé, mardi 22 juin, une campagne contre les exportations marocaines. Dans une lettre adressée au Commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, les deux instances se disent préoccupées par les conséquences de l’accord Maroc-UE sur les fruits et légumes et en particulier la tomate.
Les producteurs européens soulignent que les dispositions établies dans ledit accord, qui ont fait l’objet d’une révision en 2014 ayant porté sur une réglementation de l’entrée des tomates originaires du Maroc vers l’UE, sont «inefficaces». Les deux organisations indiquent ainsi que «les clauses de sauvegarde prévues dans le traité n’ont jamais été activées, malgré la forte dépréciation des prix de la tomate sur les marchés de l’UE, ce qui a conduit à l’importation de 500 000 tonnes de tomates en 2020, soit le double du quota» prévu.
Les eurodéputés espagnols ont déjà lancé une campagne au Parlement européen
COPA et COGECA se plaignent également de l’impact de la sortie du Royaume-Uni de l’UE, un marché qui représentait 50% des exportations agricoles des producteurs, souligne la lettre. Et de rappeler que les tomates originaires du Maroc peuvent accéder à ce grand marché sans droits de douane. «Le commerce contourne l’Europe et les producteurs de tomates européens ont été confrontés à une réduction des exportations vers le Royaume-Uni au cours des premiers mois de 2021». Elles proposent aussi à Bruxelles de renégocier les quotas avec le Maroc avec l’objectif de les réduire.
Cette revendication a été portée, depuis des mois, par des eurodéputés espagnols. En février, l’eurodéputé canarien du Parti populaire (PP), Gabriel Mato avait demandé à la Commission européenne d’ouvrir une enquête sur «le préjudice causé aux producteurs européens par le non-respect du paiement des droits de douane sur les importations agricoles en provenance du Maroc». Mato faisait ainsi écho à une plainte présentée par la coordination des organisations paysannes et d’élevage (COAG) devant l’Office européen de lutte contre la fraude.
En avril, c’est la représentante du parti Vox au Parlement européen, Mazaly Aguilar, qui a pris le relais. Dans une question écrite, adressée au Commissaire à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, elle a exigé une révision du régime d’entrée des produits agricoles du royaume sur le marché des Vingt-sept ; une requête rejetée par le Polonais.
La semaine dernière, c’est au tour de Jordi Cañas de Ciudadanos de plaider la même cause. Il a sollicité la Commission européenne pour l’ouverture d’une enquête sur ce qu’il qualifie de «fraude à l’exportation de tomates du Sahara occidental étiquetées comme produits du Maroc». Cañas a estimé que cette pratique «porte préjudice aux producteurs espagnols de tomates et augmente l’exportation de ce produit».
Le Sahara est intégrée dans l’accord agricole entre le Maroc et l’UE, conformément à l’échange de lettres entre les deux parties en octobre 2018.
Source: yabiladi