La technologie des vaccins à ARN messager, qui a fait ses preuves dans la lutte contre le SARS-CoV-2, s’étend à présent à d’autres maladies. Sanofi et son partenaire Translate Bio, spécialisé dans l’ARNm, lancent la première étape des essais pour un vaccin contre la grippe. Avec à la clé la promesse d’un vaccin plus rapide à fabriquer et donc plus efficace.
Pour son vaccin contre la Covid (actuellement en phase III), Sanofi a misé sur un vaccin classique à protéine recombinante, la même technologie que celle utilisée pour son vaccin contre la grppe, dont il est le premier producteur mondial. C’est le chemin inverse que le laboratoire a fait pour ce dernier, avec l’annonce le 22 juin du début d’un essai clinique pour « une nouvelle génération de vaccins contre la grippe à ARNm ». Le laboratoire s’est allié pour l’occasion à Transate Bio, spécialisée dans l’ARN messager, et qui développe notamment des médicaments contre les maladies pulmonaires ou hépatiques.
L’essai, dont la phase I vient de débuter, permettra d’évaluer la tolérance et l’immunogénicité du candidat-vaccin sur la souche A/H3N2 du virus de la grippe. Le choix de cette dernière s’appuie sur le fait qu’elle cause des formes plus sévères chez les personnes à risque, en particulier les enfants et les personnes âgées, justifie Sanofi. Deux formulations vont être testées, avec comme seule différence la nature des nanoparticules lipidiques. L’essai se déroulera aux États-Unis sur 280 participants âgés de 18 à 49 ans.
« L’actuelle pandémie nous a permis de constater combien la technologie de l’ARNm était prometteuse et nous allons à présent chercher à l’étendre à d’autres vaccins annuels », explique Jean-François Toussaint, responsable monde, Recherche et Développement de Sanofi Pasteur. Cette technologie a en effet fait preuve de sa supériorité dans la protection contre la Covid, avec un taux d’efficacité compris entre 88 % et 96 % contre les formes symptomatiques et selon les variants. Du coup, les vaccins à ARNm sont devenus le nouveau fer de lance des laboratoires (Sanofi est d’ailleurs aussi en phase I pour un vaccin anti-Covid à ARN, toujours en partenariat avec Translate Bio).
Coller au plus près des souches en circulation
Car outre leur simplicité (ils ne nécessitent pas d’adjuvant), les vaccins ARN présentent un atout majeur dans la lutte contre la grippe : ils sont très rapides à fabriquer. Aujourd’hui, le vaccin antigrippe de Sanofi est fabriqué à partir d’œufs de poule, dans lesquels on inocule les souches de grippe retenues, qui se multiplient ensuite dans les œufs. Ces virus sont suite récoltés, purifiés et inactivés pour produire le vaccin, qui doit ensuite être formulé dans une solution, puis mis en flacon et expédié aux quatre coins du monde.
Un processus qui nécessite près de neuf mois de préparation, ce qui fait que le choix des quatre souches virales doit être arrêté par l’OMS l’hiver précédent. Du coup, cela induit parfois des ratés, comme en 2016 ou 2019 où la soche avait muté entre-temps (Sanofi utilise aussi un autre vaccin à base d’ADN recombiné mais il n’est pas autorisé en France). Si comme le prétend le patron de Moderna un vaccin à ARNm peut être développé en six semaines, cela signifie que l’on pourra sélectionner les souches à inclure dans le vaccin bien plus tard, et donc coller au plus près de celles en circulation à l’entrée de l’hiver.
Grippe et Covid, même combat ?
Même si Sanofi se dit confiant après des premiers essais cliniques « prometteurs » en matière de tolérance et d’immunogénicité, la réussite n’est pas certaine. « Dans les vaccins multivalents (comme celui de la grippe), il n’est pas simple d’associer plusieurs antigènes protéiques dans un même produit. Certains ont tendance à prendre le pas sur d’autres », explique dans Les Échos Jamila Louahed, directrice de la R&D de GSK. Les annonces décevantes de CureVac, dont l’efficacité de son vacin anti-Covid a été évaluée à seulement 47 %, montre que l’ARN n’est pas forcément la technologie miracle. Quoi qu’il en soit, Sanofi ne restera pas longtemps le seul sur ce créneau : Pfizer et Moderna planchent tous deux sur des vaccins ARN antigrippaux. Moderna envisage un essai de phase I d’ici la fin de l’année.
Source: futura
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