L’ancien policier de Minneapolis, reconnu coupable du meurtre de George Floyd en avril, connaîtra sa peine ce vendredi. Il encourt entre douze et trente ans de prison. Douze, vingt, trente ans de prison ? Le policier américain blanc Derek Chauvin sera fixé vendredi 25 juin sur sa peine, deux mois après avoir été reconnu coupable du meurtre de l’Afro-Américain George Floyd à l’issue d’un procès retentissant.
Le barème des peines dans le Minnesota prévoit un minimum de 12 ans et demi de prison pour l’agent de 45 ans, qui a été incarcéré dès l’annonce du verdict. Mais le juge Peter Cahill, qui prononcera la sentence à 13 h 30 (20 h 30 à Paris) dans un tribunal de Minneapolis, a retenu quatre circonstances aggravantes, ouvrant la voie à une peine nettement plus lourde.
Le policier « a abusé de sa position de confiance et d’autorité », « a traité George Floyd avec une grande cruauté », a agi en présence de mineurs et « a commis son crime en réunion », a écrit le magistrat en amont de l’audience.
« Projet de réforme de la police »
Le 25 mai 2020, Derek Chauvin et trois collègues avaient voulu arrêter le quadragénaire noir, soupçonné d’avoir écoulé un faux billet de 20 dollars dans la grande ville du nord des États-Unis. Pour le maîtriser, ils l’avaient menotté et plaqué au sol en pleine rue. Un genou sur le cou de George Floyd, Derek Chauvin avait maintenu sa pression pendant près de dix minutes, indifférent aux râles de l’Afro-Américain mais aussi aux supplications de passants affolés.
La scène, filmée et mise en ligne par une jeune fille, était rapidement devenue virale. Confinées depuis des semaines, des foules étaient sorties en masse dans les rues des États-Unis, mais aussi au-delà, pour réclamer la fin du racisme et des violences policières. Il a fallu des semaines pour que la mobilisation retombe mais les débats sur ces questions restent vifs aux États-Unis, où le président Joe Biden tarde à concrétiser les réformes promises pendant sa campagne.
Des sénateurs républicains et démocrates ont toutefois annoncé jeudi, après des semaines de négociations, avoir conclu « un accord de principe sur un projet de réforme de la police ». « Il reste du travail sur le texte de loi final », ont-ils précisé.
« Bonne foi »
Dans ce contexte d’intenses débats, le procès de Derek Chauvin avait été scruté de près dans tout le pays. Présent sans discontinuer pendant les six semaines d’audiences, le policier a refusé de témoigner. Son avocat a assuré qu’il s’était contenté de suivre les procédures en vigueur dans la police et que la mort de George Floyd était due à des problèmes de santé combinés à l’ingestion de drogues.
Les jurés n’ont pas été convaincus et ont mis moins de dix heures à le reconnaître coupable. Leur décision a été accueillie par un grand soupir de soulagement par beaucoup, qui craignaient que le pays ne s’embrase à nouveau si Derek Chauvin ressortait libre des audiences.
Doutes sur l’impartialité de certains jurés
Son avocat, Eric Nelson, n’a toutefois pas changé de ligne de défense. En amont du prononcé de la peine, il a plaidé que son client avait commis « une erreur de bonne foi » et demandé une peine réduite à la durée déjà purgée, ce qui permettrait la remise en liberté immédiate du policier.
Les procureurs, dénonçant pour leur part « des abus odieux » et une conduite « particulièrement cruelle », ont requis 30 ans de rétention.Quelle que soit la décision, elle fera l’objet de recours, Me Nelson ayant déjà fait part de son intention de demander l’annulation du verdict, notamment en raison de doutes sur l’impartialité de certains jurés.
Le dossier judiciaire ne s’arrêtera pas là : les trois collègues de Derek Chauvin seront jugés en mars 2022 pour « complicité de meurtre » par la justice du Minnesota. En parallèle, les quatre hommes devront aussi affronter un procès devant la justice fédérale qui les a inculpés pour « violation des droits constitutionnels » de George Floyd. Aucune date n’a encore été fixée.
Source: ouestfrance
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