Les études montrant les bénéfices de l’activité physique dans les dépressions légères à modérées se multiplient. Bouger serait aussi efficace que prendre un antidépresseur. Voyons comment la pratique sportive peut être une solution contre les troubles psychiques.
Bouger son corps pour soigner sa tête, ça peut paraître étrange, et pourtant, plusieurs études ont démontré les bienfaits de l’activité physique sur l’humeur. L’Inserm préconise d’ailleurs l’activité physique avant toute prescription médicamenteuse dans la dépression légère à modérée, chez des personnes qui n’ont pas d’idées suicidaires. Un programme d’activité physique sur trois mois environ peut être aussi efficace que des antidépresseurs ou une psychothérapie.
Et peu importe l’activité. Cela peut être de la marche nordique, du fitness, du vélo… Ce qui est recommandé, c’est la régularité. L’idéal, c’est d’avoir au moins 2h30 d’activité physique modérée par semaine.
« Si on n’a pas assez d’énergie pour faire du sport, le simple fait de marcher est déjà bénéfique, souligne le Pr Florian Ferreri, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris. L’important, c’est de se mobiliser, de bouger en fonction de ses capacités physiques et psychiques. Si on peut pratiquer à l’extérieur, le matin de préférence, c’est encore mieux, car on profite de la lumière du jour qui a aussi un impact positif sur l’humeur. Elle synchronise les rythmes biologiques qui sont perturbés dans la dépression.
Comment l’exercice physique agit-il ?
Les mécanismes sont nombreux et ne sont pas tous élucidés. « Au niveau cérébral, l’activité physique favorise la libération de neurotransmetteurs, comme la dopamine et les endorphines, qui améliorent la sensation de bien-être », m’a expliqué le psychiatre. Elle augmente aussi le niveau d’une molécule, le BDNF (pour Brain Derived Neurotrophic Factor), qui aide le cerveau à produire des neurones et qui est aussi importante pour maintenir une humeur normale. Bouger réduit aussi l’inflammation cérébrale pouvant être liée à la dépression.
Et évidemment, il y a la dimension psychosociale : l’activité physique permet de retrouver des émotions positives, d’augmenter l’estime de soi, par exemple, quand on arrive à tenir certains objectifs. Lorsque l’activité est pratiquée en groupe, elle entretient le lien social et brise l’isolement. Tout cela contribue à chasser le flot d’idées noires.
Un accompagnement souvent utile pour renforcer la motivation
Cependant, le fait de dire à une personne dépressive de bouger ne suffit généralement pas. Une étude récente, qui a comparé les effets de la course à pied à ceux des antidépresseurs pour traiter la dépression et l’anxiété a montré qu’on peut avoir du mal à suivre un programme d’exercice physique.
Dans l’étude, les participants ont davantage adhéré au protocole médicamenteux qu’au protocole sportif qui consistait à courir au minimum deux fois par semaine en groupe.
Cela se comprend aisément : courir ou pratiquer un autre sport régulièrement peut être difficile quand on est dépressif car la dépression altère la motivation et fatigue beaucoup. « Alors pour aider le patient, déjà il est important d’évaluer ses aptitudes et de voir avec lui ce qu’il peut faire, précise le Pr Ferreri. Il peut avoir besoin d’être accompagné, de faire une activité encadrée.
L’activité physique ne peut pas toujours remplacer les médicaments
« L’activité physique peut être prescrite comme un médicament, avec des indications, une posologie – tant de fois par semaine – , un suivi, mais elle n’est pas prise en charge financièrement en cas d’épisode dépressif isolé, car on n’est pas dans le cadre d’une maladie chronique », souligne le psychiatre. On commence à voir des associations sportives qui proposent des programmes adaptés aux personnes présentant des troubles dépressifs.
L’activité physique fait maintenant partie de l’arsenal thérapeutique, avec les médicaments et la psychothérapie dont l’accès n’est pas toujours facile. Elle ne peut pas remplacer les médicaments chez tous les patients, mais elle peut être proposée comme une option supplémentaire afin d’obtenir de meilleurs résultats.
rtl