Un Nigérian de 23 ans a tenté de se suicider jeudi sur un parking d’un hôtel d’Essex, dans le sud-est de l’Angleterre. Le jeune demandeur d’asile venait d’apprendre son transfert sur la barge Bibby Stockholm. La structure qui doit héberger environ 500 personnes est comparée à une prison flottante par les opposants au projet.
Nouvelle polémique au Royaume-Uni autour de la barge Bibby Stockholm. Amarrée au port de Portland, dans le sud-est de l’Angleterre, la structure flottante héberge depuis 10 jours une cinquantaine de demandeurs d’asile dans l’attente du traitement de leur dossier.
Jeudi 26 octobre, un Nigérian de 23 ans, qui venait d’apprendre deux jours plus tôt son transfert imminent sur cette barge, a tenté de mettre fin à ses jours, indique The Guardian.
Deux jours plus tôt, alors que le jeune homme rentre en fin d‘après-midi dans son hôtel (à près de 300 km de Portland), mis à disposition par les autorités, il découvre le numéro de sa chambre sur un tableau blanc accroché au niveau de la réception. Le Nigérian comprend vite ce que cela signifie : il fait partie du prochain groupe à être envoyé sur la Bibby Stockholm.
Quarante-huit heures plus tard, le demandeur d’asile sort du bâtiment et fait une tentative de suicide. C’est un migrant accueilli dans le même hôtel qui le découvre dans un état grave. Le Nigérian est transporté par avion à l’hôpital et placé sous assistance respiratoire. Il se trouve toujours dans un état critique.
Le jeune homme vit au Royaume-Uni depuis plusieurs années. Il était arrivé mineur et avait été pris en charge dans une famille d’accueil jusqu’à sa majorité.
« Actes d’automutilation »
L’hôtel d’Essex héberge actuellement 114 demandeurs d’asile, précise au Guardian une responsable de l’association Refugee, asylum seeker and migrant action (Rama), Maria Wilby. « Un très grand nombre d’entre eux ont des blessures causées par des actes d’automutilation. Dix d’entre eux ont entamé une grève de la faim en raison de la mauvaise qualité de la nourriture », explique-t-elle au quotidien britannique.
Depuis la construction de l’hôtel, en novembre 2022, plusieurs personnes ont tenté de mettre fin à leurs jours. « À six reprises, nos bénévoles ont dû convaincre des gens de descendre du pont de l’A12, d’où ils avaient prévu de sauter. La dernière fois, c’était il y a à peine deux semaines », signale encore Maria Wilby.
Ce site devrait bientôt fermer ses portes, conformément à la nouvelle politique d’accueil de Londres envers les exilés. La semaine dernière, le gouvernement a annoncé son intention de réduire l’hébergement en hôtels des demandeurs d’asile – qui coûte trop cher à ses yeux – et prévoit d’en démobiliser une cinquantaine d’ici janvier prochain.
La barge Bibby Stockholm doit permettre de mener à bien ce projet. À terme, 500 personnes y seront logées.
La structure, controversée, a pourtant failli ne jamais voir le jour. En août dernier, quelques jours après sa mise en service, elle a été évacuée en raison de la présence de légionnelles – bactéries pouvant être à l’origine d’une infection respiratoire, la légionellose – dans le système d’approvisionnement en eau. La barge a finalement rouvert le 19 octobre dernier, malgré les critiques des opposants au projet qui la compare à une prison flottante.
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