Un député de l’opposition zimbabwéenne a été enlevé mercredi matin, torturé puis abandonné nu le long d’une route, a-t-on appris auprès de son parti, dans un contexte de tensions soutenues depuis les élections contestées dans ce pays d’Afrique australe en août.
Takudzwa Ngadziore, 25 ans, a été enlevé par des hommes armés près de son domicile dans la capitale Harare, alors qu’il se rendait au Parlement, selon la Coalition des citoyens pour le changement (CCC).
Les observateurs internationaux ont jugé « non conforme » le scrutin qui a vu la victoire d’Emmerson Mnangagwa face au candidat du CCC Nelson Chamisa.
M. Ngadziore, le plus jeune député du Zimbabwe, a réussi à diffuser en direct sur les réseaux sociaux les instants qui ont précédé son enlèvement présumé. Dans le court clip, on voit l’homme politique en détresse, portant une cravate, regarder la caméra en disant « Je suis suivi » en langue locale shona, avant de montrer un homme armé d’une kalachnikov et portant une casquette noire qui court vers lui.
Il a été retrouvé plusieurs heures plus tard, le corps recouvert d’entailles, à une quarantaine de kilomètres près du village de Mazowe, a raconté à l’AFP l’ami qui est allé le récupérer.
Le CCC, plus grand parti d’opposition, a pointé du doigt le parti au pouvoir, le ZANU-PF, en affirmant que l’enlèvement s’inscrivait dans une vaste campagne d’intimidation à l’encontre de ses partisans. La police et la ZANU-PF n’ont pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.
« Le ciblage continu de membres éminents (du CCC) a pour but d’instiller la peur parmi la population en général », a accusé le porte-parole du parti, Promise Mkwananzi, sur X. « C’est un nouvel exemple de l’anarchie arbitraire qui s’est emparée du Zimbabwe depuis l’avènement de l’élection truquée ».
Selon les résultats annoncés tard samedi par la commission électorale, Nelson Chamisa a récolté 44% des votes lors de la présidentielle zimbabwéenne.
M. Ngadziore a été hospitalisé, souffrant probablement d’une fracture de la main et du genou, a indiqué son ami, qui a préféré garder l’anonymat.
Médias locaux et groupes de défense des droits de l’homme ont insinué que ses ravisseurs pourraient appartenir aux forces de sécurité zimbabwéennes. Il s’agit du deuxième incident récent de ce type: la semaine dernière, James Chidhakwa, ancien député de la CCC, avait été enlevé et torturé avant d’être retrouvé quelques heures plus tard en banlieue de Harare, le crâne rasé.
voa