Violences policières : prison avec sursis pour un policier ayant roué de coups un jeune placé en garde à vue

Illustration police nationale, faits divers.

Sur des images de vidéosurveillance, on voit deux policiers pénétrer dans la cellule puis, dans un coin, l’un d’eux porter plusieurs salves de coups à la victime

Un policier a été condamné jeudi par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) à six mois de prison avec sursis et trois mois d’interdiction professionnelle pour avoir, en 2022, roué de coups un jeune homme qui se trouvait en cellule de garde à vue, au commissariat de Sevran.

Lors d’un contrôle de police, l’adolescent, alors âgé de 16 ans, avait reçu un coup de tête d’un fonctionnaire de police avant d’être emmené au commissariat pour un contrôle d’identité

« Vous avez complètement dérapé face à une situation que vous pouviez totalement maîtriser », a assené le procureur Loïc Pageot en interrogeant l’agent, aujourd’hui âgé de 25 ans. C’est parce qu’il n’a pas supporté les insultes lancées par le jeune homme, après une querelle sur le repas proposé, que le policier est entré, avec l’un de ses collègues, dans la cellule et a frappé à plusieurs reprises le jeune interpellé.

« La cellule est fermée : il suffit de laisser l’individu vociférer », a tancé Loïc Pageot en requérant six mois de prison avec sursis et 10 mois d’interdiction d’exercer.

Quatorze jours d’ITT
Dans l’après-midi du 21 juin 2022, la victime, alors âgée de 19 ans, est arrêtée sur un point de trafic de drogues et amenée au commissariat de Sevran, suspectée de vendre des stupéfiants. Cinq heures plus tard, le jeune homme est roué de coups en cellule de garde à vue, une scène captée par la vidéosurveillance du poste de police.

Diffusées en salle d’audience, les images en noir et blanc sont de piètre qualité mais on y voit deux policiers pénétrer dans la pièce exiguë puis, dans un coin, l’un d’eux porter plusieurs salves de coups à la victime. « Une minute quarante de violences importantes », souligne le tribunal, à la suite desquelles la victime est laissée toute la soirée en cellule, avec un codétenu.

Durant le procès, la procureure a déploré « de très mauvaises pratiques professionnelles qui se transforment en infractions » et dénoncé « le caractère excessif de la violence utilisée »

Entendu par l’IGPN, ce dernier affirme avoir plusieurs fois alerté les policiers sur l’état de santé inquiétant du jeune homme. Il est finalement transporté à l’hôpital vers minuit et les soignants constatent que deux de ses côtes sont fracturées, blessures occasionnant quatorze jours d’incapacité totale de travail (ITT).

Dans le procès-verbal, qu’il avait rédigé dans les minutes suivant les violences, le policier avait rapporté avoir porté un coup à la victime parce qu’elle lui aurait saisi le bras. Confronté une première fois aux images vidéo par l’IGPN, il avait finalement reconnu avoir initié l’altercation.

« S’il n’était pas parti à l’hôpital, il aurait été poursuivi pour outrage et violences sur policier », signale Me Nabil Boudi, avocat de la victime. À l’audience, le jeune homme a nié avoir menacé ou insulté le policier, tout en expliquant brièvement : « il n’avait qu’à m’amener mes pâtes aux champignons et tout se serait passé correctement. »

sudouest

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