Le principal parti d’opposition turc a remplacé dimanche son chef de file, Kemal Kilicdaroglu, par Ozgur Ozel, un ancien pharmacien encore inexpérimenté. Ce changement de visage fait suite à la défaite électorale du Parti républicain du peuple face au président Recep Tayyip Erdogan en mai dernier.
Changement à la tête du principal parti d’opposition en Turquie. Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a remplacé dimanche 5 novembre son chef de file, Kemal Kilicdaroglu, par Ozgur Ozel, un ancien pharmacien encore inexpérimenté. Le CHP est divisé depuis que Kemal Kilicdaroglu a perdu, en mai, un second tour âprement disputé contre le président turc.
Lors du congrès annuel du parti, les délégués ont voté en faveur du remplacement de Kemal Kilicdaroglu par Ozgur Ozel, relativement méconnu, après avoir gaspillé ce que beaucoup considèrent comme la meilleure chance pour l’opposition de mettre fin à deux décennies de régime islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan.
Les élections de mai ont eu lieu dans un contexte de grave crise du coût de la vie que les analystes imputent aux convictions économiques peu orthodoxes de Recep Tayyip Erdogan.
Kemal Kilicdaroglu a réussi à rassembler une alliance à multiples facettes comprenant à la fois des nationalistes de droite, des socialistes de gauche et des Kurdes. Mais le bloc des six partis a failli se fracturer quelques mois avant l’élection et a ensuite enregistré des résultats médiocres dans les sondages.
De son côté, Recep Tayyip Erdogan est parvenu à consolider son contrôle du parlement grâce au soutien de groupes islamiques et ultranationalistes.
« Remodeler la politique turque »
Kemal Kilicdaroglu a ensuite mécontenté de nombreuses personnes au sein de son propre parti en refusant d’admettre sa défaite et de démissionner.
Le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle, âgé de 74 ans, a perdu son poste de dirigeant après deux tours de scrutin houleux au congrès du parti, au profit d’un candidat soutenu par le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu.
Ozgur Ozel a passé une grande partie de sa carrière à travailler comme pharmacien dans la ville touristique d’Izmir (ouest), bastion de l’opposition à Recep Tayyip Erdogan. Il est ensuite devenu président de l’association des pharmaciens de Turquie et a été élu au Parlement en 2011.
L’orateur de 49 ans a remporté le scrutin final par 812 voix contre 536, après s’être présenté comme le candidat du « changement ». Mais le vote a été bien plus axé sur la personnalité des deux hommes que sur des politiques particulières.
Kemal Kilicdaroglu a comparé les tentatives visant à l’évincer à un « coup de poignard dans le dos », Ozgur Ozel soulignant quant à lui sa volonté d' »écrire une nouvelle histoire et remodeler la politique turque ».
AFP