France: face aux menaces sur l’aide médicale d’État, des milliers de médecins prêts à «désobéir»

Dans un appel transmis ce samedi 11 novembre à l’AFP, quelque 3 500 médecins salariés et libéraux, opposés à la suppression de l’aide médicale d’État (AME) aux sans-papiers, s’engagent à « désobéir » et à « continuer de soigner gratuitement » ces malades si le dispositif venait à disparaître.

« Moi, médecin, déclare que je continuerai à soigner gratuitement les patients sans papiers selon leurs besoins, conformément au serment d’Hippocrate que j’ai prononcé », indique cette « déclaration de désobéissance » signée par 3 500 professionnels de la santé et initiée par deux psychiatres – chefs de service – dans les hôpitaux Henri-Mondor de Créteil et le CHI de Créteil, les Pr Antoine Pelissolo et Jean-Marc Baleyte. Une première tribune signée par 3 000 soignants avait été également publiée dans les colonnes du Monde le jeudi 2 novembre.

Le « juste soin »
« Je resterai indifférent à leurs conditions sociales ou financières, ainsi qu’à leur langue et leur nationalité », promettent les signataires. de ce texte, transmis le 11 novembre à l’Agence France-Presse. « La déontologie prescrit le juste soin pour chaque personne qui me consulte. La sagesse dénonce la faute éthique et en passant l’erreur épidémiologique », poursuivent-ils. Avant de conclure : « patients d’ici et d’ailleurs, ma porte vous est ouverte. Et le restera ».

Lors de l’examen du projet de loi sur l’immigration, cette semaine, le Sénat a adopté un amendement qui la supprime et la transforme en « aide médicale d’urgence ». Le gouvernement ne s’y est pas opposé, mais le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a depuis indiqué qu’il ne « souhaitait pas » que le texte reste en l’état.

« Le gouvernement est totalement aligné », « on ne basculera jamais dans un dispositif type aide médicale d’urgence », a assuré de son côté le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, sur France Info, ce 12 novembre.

« L’AME est un dispositif de santé publique avant tout »
Je « comprend » les signataires, a encore réagi le ministre de la Santé, qui a aussi indiqué que « le gouvernement se battra pour qu’ils n’aient pas à exercer de désobéissance civile ». « L’AME est un dispositif de santé publique avant tout. Si on renvoie tout sur l’hôpital on va faire une erreur énorme », a-t-il finalement jugé.

Actuellement, l’AME couvre à 100% les frais de santé des étrangers présents sur le sol français depuis au moins trois mois. Ses détracteurs l’accusent de générer un « appel d’air » pour l’immigration clandestine et de coûter « trop cher », actuellement 1,2 milliard d’euros annuels pour 400 000 bénéficiaires (3 000 euros par an par bénéficiaire).

AFP

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