À l’occasion d’un nouveau sommet de Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (Apec), le président américain, Joe Biden, reçoit, cette semaine à San Francisco, de nombreux alliés, mais aussi le président chinois, Xi Jinping. Les deux dirigeants, qui appellent à une plus grande stabilité dans leurs relations économiques et politiques, se retrouvent pour la première fois depuis le sommet du G20 à Bali, l’an dernier.
Il s’agira de leur deuxième rencontre depuis Bali. Le président américain, Joe Biden, toujours soucieux de faire preuve de leadership face à Pékin, reçoit de nombreux alliés lors d’un nouveau sommet majeur cette semaine, mais aussi le président chinois, Xi Jinping. Leur rencontre est prévue le 15 novembre.
San Francisco accueille du 11 au 17 novembre les 20 autres membres de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (Apec), créée il y a trente ans, quand les responsables politiques américains pensaient qu’un commerce vigoureux rapprocherait les pays bordant l’océan Pacifique.
Cette vision optimiste a fait son temps. L’administration de Joe Biden ne propose à l’Apec qu’un pacte économique limité et a passé ces derniers mois à renforcer les sanctions contre la Chine, considérée comme le principal obstacle à la suprématie des États-Unis sur la scène mondiale.
Mais les deux pays appellent de leurs vœux à une plus grande stabilité dans leurs relations économiques et politiques. Et comme une visite à Washington est politiquement irréalisable, l’Apec offre à Xi Jinping une chance unique de voir son homologue sur le sol américain.
La rencontre des deux hommes, la première depuis le sommet du G20 à Bali il y a un an, aura lieu mercredi. Elle devrait aborder un large éventail de désaccords, notamment au sujet de Taïwan, où les élections dans deux mois pourraient déclencher de nouvelles tensions avec Pékin, qui revendique cette démocratie autonome et n’a pas exclu de s’en emparer par la force.
Un responsable américain a exprimé l’espoir que les deux chefs d’État « ouvrent de nouvelles lignes de communication », alors que les États-Unis espèrent rétablir le contact entre les deux armées américaines et chinoises, considéré comme particulièrement vital en cas de crise à Taïwan.
Alliés
Les États-Unis déploient des ressources diplomatiques conséquentes pour renouer avec la Chine, mais ils cherchent en revanche à isoler la Russie, membre de l’Apec, à cause de son invasion de l’Ukraine.
Washington a clairement fait savoir que le président russe, Vladimir Poutine, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, n’était pas le bienvenu.
Moscou sera représenté par le vice-Premier ministre, Alexeï Overtchouk. Il sera le visiteur russe le plus haut placé aux États-Unis depuis le début de la guerre.
En diplomatie, Joe Biden, contrairement à son prédécesseur et rival Donald Trump, s’est attaché à mettre en avant les alliances, notamment via des nouveaux formats comme le pacte militaire tripartite avec l’Australie et le Royaume-Uni.
Parmi les alliés des États-Unis présents à l’Apec figurent le Premier ministre australien, Anthony Albanese, qui s’est rendu aussi bien à Washington qu’à Pékin le mois dernier, le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, et le président sud-coréen, Yoon Suk Yeol.
Avant de s’envoler pour San Francisco, Joe Biden accueillera à la Maison Blanche le président indonésien sortant, Joko Widodo. Les États-Unis convoitent les vastes réserves de nickel de l’archipel, essentielles pour les batteries des voitures électriques, mais la Chine domine la production sur place.
Le sommet a néanmoins peu de chance d’offrir un répit sur la question diplomatique qui accapare l’attention de Joe Biden depuis un mois : la guerre entre Israël et le Hamas.
Les membres de l’Apec comprennent non seulement l’Indonésie, le plus grand pays à majorité musulmane du monde, mais aussi la Malaisie voisine. Le Premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim, se rend à San Francisco en dépit des appels au boycott lancés par l’opposition dans son pays, en raison du soutien apporté par les États-Unis à Israël.
L’Apec, qui parle d' »économies » au lieu de « pays », comprend exceptionnellement à la fois la Chine et Taïwan. L’île est représentée par un homme d’affaires, Morris Chang, figure historique de l’industrie taïwanaise des semi-conducteurs.
Négociations
Les accords de libre-échange n’ont plus la cote à Washington, Donald Trump ayant retiré les États-Unis du Partenariat transpacifique (TPP) naissant, proposé par son prédécesseur Barack Obama.
À la place, le gouvernement de Joe Biden a créé l’année dernière le Cadre économique pour l’Indo-Pacifique (IPEF), qui n’offre pas d’accès aux marchés mais cherche à faciliter les échanges commerciaux entre 14 pays, dont le Japon, l’Inde, l’Australie, la Corée du Sud et une grande partie de l’Asie du Sud-Est, à l’exclusion de la Chine.
Les négociations ont abouti sur l’une des trois parties de l’IPEF – les chaînes d’approvisionnement – et l’Apec pourrait obtenir des accords sur les deux autres, le commerce et l’énergie propre, selon Wendy Cutler, ancienne négociatrice commerciale américaine et aujourd’hui vice-présidente de l’Asia Society Policy Institute.
L’IPEF vise à fournir un « contrepoids aux relations commerciales émergentes de la Chine dans la région », selon Niels Graham, de l’Atlantic Council. « L’administration Biden veut utiliser l’Apec et l’IPEF pour démontrer que les États-Unis sont là et comptent bien rester ».
AFP