Une centaine de députés ont assisté ce mardi à la projection du film sur les attaques du 7 octobre perpétrées par le Hamas sur le sol israélien.
RÉCIT. Une chape de malheur s’est comme soudainement abattue sur le Palais Bourbon. La réalité des crimes du Hamas est venue, plus que jamais, percuter les parlementaires.
Dès les premières secondes, l’effroi traverse la salle obscure de l’Assemblée nationale, où sont réunis ce mardi soir une centaine de parlementaires.
Sur l’écran, les images du massacre défilent pendant 43 minutes, sous le regard immobile des députés du groupe d’amitié France/Israël.
Comme le révélait Le Figaro, tous ont été conviés par le président Renaissance du groupe, Mathieu Lefèvre, à visionner le film sur les attaques terroristes perpétrées le 7 octobre dernier par le Hamas en Israël.
Seuls les cris et les bruits de coup de feu résonnent dans la pièce reculée, où un silence absolu règne. À plusieurs reprises, certains tournent la tête pour ne pas voir l’insoutenable.
Cinq petites minutes après être entrée, une députée LR craque et quitte la salle en pleurs. Un autre sort quelques minutes plus tard, tout rouge, la mort dans l’âme. Dans le public, quelques élus, non-membres de ce groupe d’amitié, ont également souhaité participer à la projection, parmi lesquels le patron de LR, Éric Ciotti, ou le député Horizons, Frédéric Valletoux.
«Un spectacle innommable»
À la sortie, beaucoup partent tête baissée. Le pas est lourd, très lourd même. Plusieurs d’entre eux, déboussolés, essuient pudiquement leurs larmes. «Objectivement, les images sont insoutenables. On peut s’en faire une idée avant, mais tant qu’on n’a pas vu ça… On a le cœur lourd», confie l’instigateur de la diffusion, Mathieu Lefèvre.
«Ce sont les images de la Shoah», lâche la députée LR, Émilie Bonnivard, très émue.
«Ce qui était choquant, c’était surtout la joie qu’avaient ces terroristes de tuer», poursuit son collègue LR Michel Herbillon. Quelques mètres plus loin, Emmanuelle Ménard fond à son tour en larmes. «C’est glaçant. C’est un spectacle innommable, il n’y a pas de mots», raconte l’élue de l’Hérault, la voix tremblante.
«Je ne sais pas si c’était nécessaire de voir ça, ni si nous avons appris quelque chose. Ce qu’on a vu pendant 45 minutes, c’est l’horreur mais on le savait déjà», explique de son côté Aymeric Caron. Confronté avec vivacité à ses récents propos par le journaliste d’une radio communautaire juive, l’élu de La France insoumise (LFI) se braque.
Puis fuit la presse, visiblement ému. «Conn***», entend-il dans son dos au moment où il s’apprête à répondre à un autre média. L’ambiance autour des Insoumis est chargée de tension.
Au moment de quitter la salle, le député LFI David Guiraud passe devant David Habib (non-inscrit) qui l’interpelle avec véhémence. «Tu n’es qu’un chien», lance l’élu des Pyrénées-Atlantiques. D’autres députés approuvent. «On était content qu’il le mette face à ses propos, tout le monde a acquiescé», glisse un macroniste.
David Guiraud s’en va et repousse les attaques d’un geste de la main.
Puis apparaît devant les journalistes, touché. «Je suis venu partager un moment de peine, de douleur, de deuil avec des collègues meurtris par les crimes de guerre du Hamas», confie-t-il, accusé depuis plusieurs jours d’avoir relativisé les atrocités du mouvement terroriste en assurant qu’Israël avait commis des actes de barbarie comparables.
Après ses déclarations polémiques, lors d’une conférence en Tunisie, l’élu du Nord avait été invité par Mathieu Lefèvre à la projection. «J’ai donné l’impression de traiter tout ça avec légèreté. Je suis venu m’assurer que je ne referai pas cette erreur. J’oublierai jamais de respecter tous les meurtres», tente-t-il de désamorcer.
Après un bref passage devant les médias, chacun repart de son côté, le regard dans le vide. Certains retournent en séance, les débats dans l’Hémicycle. «Moi, je rentre chez moi. Je vais me vider l’esprit», confie un député Renaissance. Dans un coin reculé, à l’abri des regards, d’autres prennent le temps d’échanger avec les pompiers, présents pour assurer un accompagnement médical.
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