La troisième édition de l’Africa Financial Industry Summit réunit près de 1 000 dirigeants de la finance continentale, dans un contexte de bouleversements sectoriels majeurs, mais également de nouvelles opportunités.
« Nous ouvrons un nouveau chapitre. Alors que l’AFIS 2022 faisait la part belle aux crises, l’édition 2023 se concentre sur les opportunités », a lancé Faure Essozimna Gnassingbé, le président togolais, en ouverture de l’Africa Financial Industry Summit* qui vient d’ouvrir ses portes à Lomé, ce 15 novembre.
Pendant deux jours, l’industrie financière africaine s’est donné rendez-vous au Togo pour débattre sur les défis et les perspectives d’un secteur secoué par des chocs exogènes depuis plus de trois ans.
« Malgré les polycrises, malgré les problèmes de solvabilité, malgré la baisse de la rentabilité, la finance africaine innove : on titrise, on tokénise. Nous ne pouvons pas attendre que l’orage passe. Nous sommes ici pour réfléchir ensemble aux solutions qui vont nous amener à cette disruption à laquelle nous aspirons tous », a martelé Ramatoulaye Goudiaby, la directrice de l’Afis.
Quatre défis majeurs
Cette édition, axée sur le thème « Construire une industrie financière africaine de classe mondiale, une opportunité à 1 500 milliards de dollars », réunit les leaders des secteurs public et privé pour une industrie financière africaine souveraine, autour de quatre défis majeurs :
_l’attraction des investissements institutionnels africains vers les marchés de capitaux locaux,
_la garantie de la libre circulation des capitaux et l’harmonisation réglementaire,
_la promotion des talents indispensables à la transformation numérique et l’innovation,
_notamment dans des domaines tels que la finance climatique et la tokénisation.
Pour Sergio Pimenta, vice-président Afrique de le Société financière internationale (IFC), l’événement doit permettre de poser les bases pour l’accroissement des financements dans un contexte international difficile.
« Nous devons tout mettre en œuvre pour favoriser une croissance économique durable, inclusive et verte en Afrique, a-t-il déclaré, tout en appelant le secteur financier à accompagner l’émergence d’une Afrique plus inclusive et plus connectée, à assurer la sécurité alimentaire de la région, à améliorer l’accès au logement et à soutenir la transition énergétique du continent sur tous ces enjeux – des réponses concrètes et rapides sont attendues. »
S’exprimant devant le parterre de représentants des secteurs publics et privés du monde de la finance installés dans l’auditorium de l’hôtel 2-Février, le chef de l’État togolais s’est félicité des progrès sur le front des indicateurs macro-économiques, notamment le ralentissement de l’inflation.
« Le dynamisme de nos économies a de quoi nous rendre optimistes, a-t-il lancé. Et le secteur financier en Afrique de l’Ouest a conservé son dynamisme. Il devrait connaitre une croissance significative ces prochaines années pour atteindre 230 milliards de dollars d’ici 2025. Notamment grâce à l’adoption rapide des fintechs. »
Réduire la perception du risque
Alors que les banques internationales quittent l’Afrique les unes après les autres, les acteurs locaux veulent saisir cette opportunité. « Si on ne le fait pas qui va développer l’Afrique ? s’interroge Marufatu Abiola Bawuha, CEO Afrique de la banque nigériane UBA.
Nous avons pour ambition de grossir, nous devons croire en l’Afrique et investir plus mais pour y parvenir nous devons accélérer sur l’harmonisation des réglementations financières. »
Malgré ces bonnes nouvelles les freins demeurent. L’Afrique reste considérée comme un terrain de jeu risqué. Les agences de notation internationales sont pointées du doigt. « Les notations souveraines de nos économies sont systématiquement négatives, regrette le président togolais.
Ce handicap dont souffre l’Afrique ne date pas du Covid et cela affecte le financement de nos économies ». « Il nous faut réduire ce fossé entre cette perception du risque et le risque réel, confirme, Jules Ngankam, le PDG d’African Guarantee Fund. Aucune crise financière mondiale n’est née en Afrique. Et pourtant, on pense que le risque est en Afrique. »
« Nous ne pourrons reprendre contrôle du récit africain sans une action concertée. L’Afrique doit maitriser son narratif et la coopération panafricaine en est le fil rouge » a conclu Faure Gnassingbé.
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