Ces Malgaches obligés de manger des feuilles et des insectes

C’est une catastrophe humanitaire qui approche sans faire de bruit ou presque : près de 14.000 Malgaches sont désormais en danger de mort dans le sud de l’île, menacés à court terme par la famine. En tout, 1.200.000 personnes au moins sont déjà victimes d’une sécheresse historique due notamment au réchauffement climatique, d’où l’appel renouvelé de plusieurs organisations pour leur venir en aide d’urgence.

Dans le sud de Madagascar, Tamaria et ses enfants survivent avec difficulté. « Le matin, je prépare un plat d’insectes, raconte la mère de famille. Je les lave du mieux possible, mais je n’ai presque pas d’eau ». Depuis huit mois maintenant, ses enfants et elle ne mangent presque que des plantes. Tous les jours. »On n’a rien d’autre, témoigne-t-elle, et comme il ne pleut pas, nous ne pouvons pas récolter ce que nous avons semé. »

Cette misère n’est plus une exception, dans le sud de la Grande île.

Dans les centres de santé, les admissions pour malnutrition sévère ont explosé au moins de juin dans les 10 districts les plus touchés par la sécheresse. Des milliers d’enfants n’ont plus que la peau sur les os.

Madagascar est le seul pays au monde à faire face actuellement à une insécurité alimentaire de niveau 5 (IPC-5) alors que le pays ne traverse aucun conflit. Et c’est le premier pays dans lequel la famine est due au réchauffement climatique.

Comme dans un « film d’horreur »

Lola Castro, directrice régionale du Programme Alimentaire Mondial pour l’Afrique australe, confirme que « les gens mangent des cactus, des feuilles (…) C’est ce que mangent normalement les animaux. Les gens les mangent crus ou cuits, et c’est tout ce qu’ils ont ».

Une situation « horrible », s’alarme Lola Castro qui, en 28 ans de travail sur le terrain pour le compte des Nations Unies, affirme n’avoir « vu qu’une seule fois quelque chose de comparable : dans l’actuel Soudan du Sud, en 1998 ». La famine à Madagascar ne touche « pas seulement des enfants, mais aussi des adolescents, des adultes, explique-t-elle, et cela pourrait être irréversible pour beaucoup. »

La sécheresse a empiré une situation déjà fortement dégradée du fait de la Covid-19, qui a empêché de nombreux Malgaches de travailler normalement ces derniers mois, et notamment dans les champs.

Le PAM estime à 78,6 millions de dollars les besoins en aide alimentaire vitale pour la prochaine période de soudure, afin d’éviter une tragédie de plus grande ampleur encore, puisqu’elle pourrait s’étendre au Mozambique, au Zimbabwe et au Malawi.

 

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