Soutenue par la BAD, l’initiative vise à combler le déficit des financements climatiques résultant du non-respect par les pays riches de leur engagement à fournir 100 milliards de dollars par an aux pays en développement.
Cinq pays africains s’apprêtent à lancer des banques spécialisées dans la finance climatique avec l’appui de la Banque africaine de développement (BAD) pour tenter de combler le déficit du financement résultant du non-respect par les pays riches de leur engagement à fournir 100 milliards de dollars par an aux pays en développement, a rapporté Bloomberg lundi 20 novembre, citant une dirigeante de l’institution financière panafricaine.
« L’Egypte, le Maroc, le Bénin et la Côte d’Ivoire sont en train de créer des banques vertes sous l’égide de la BAD. Nous soutenons également le Rwanda, qui a lui-même pris l’initiative de mettre en place une telle institution », a déclaré Audrey-Cynthia Yamadjako, chargée principale de la finance climatique à la BAD et coordinatrice de l’initiative des banques vertes africaines.
La BAD a déjà mobilisé 142 millions de dollars pour la banque verte rwandaise grâce notamment à ses propres contributions et à celles du Fonds de partenariat mondial pour le climat, de l’Agence danoise de développement international (DANIDA), de l’Agence française de développement (AFD) et du gouvernement britannique.
La banque verte rwandaise prévoit également de s’associer à des institutions privées pour cofinancer des projets dans le cadre d’une approche connue sous l’appellation de « Blended finance » (financement mixte).
« Ce sera un modèle pour la région africaine, en particulier pour les gouvernements qui souhaitent lancer leur propre banque verte nationale », a souligné Mme Yamadjako, indiquant que la banque verte rwandaise commencera à financer des projets en 2024.
Sous l’égide de la Convention des Nations unies sur la lutte contre le changement climatique (CNUCC), les pays riches, principaux responsables historiques des émissions de gaz à effet de serre, s’étaient engagés en 2009 à porter à 100 milliards de dollars par an leur aide climatique en faveur des pays en développement à partir de 2020. Mais cette promesse n’a pas été jusqu’ici tenue.
Entre temps, les besoins des pays africains en financements climatiques ne cessent d’augmenter alors que les fonds investis sur le continent ne représentent qu’une infime part des flux mondiaux des financements climatiques, et la part couverte par le secteur privé reste limitée.
Le coût global de la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national (CDN), qui représentent les efforts qui doivent être déployés par chaque pays pour réduire ses émissions nationales et s’adapter aux effets du changement climatique comme définis par l’Accord de Paris sur le climat, est estimé à 2 800 milliards de dollars entre 2020 et 2030, selon une étude publiée par la Climate Policy Initiative, un groupe de réflexion sur le climat composé de 90 experts.
Sur ce montant global, les gouvernements africains se sont engagés à mobiliser 264 milliards de dollars de ressources publiques nationales, soit environ 10 % des besoins globaux en financements climatiques sur la période concernée. Les 2 500 milliards restants, soit 250 milliards par an, devraient provenir de sources publiques internationales et des acteurs privés nationaux et internationaux.
« Nous devons nous diversifier. Nous devons trouver d’autres solutions pour l’Afrique, qui est la région du monde la plus touchée par le changement climatique », a lancé Mme Yamadjako.
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