En détention depuis mars 2021, l’opposante et cadre du parti Les démocrates a été condamnée à vingt ans de prison pour complicité de financement du terrorisme en décembre de la même année.
Le président béninois Patrice Talon ne soutiendra aucune action visant à remettre en liberté l’opposante Réckya Madougou. C’est une information livrée par le parti Les Démocrates lors d’une conférence de presse tenue à Cotonou après la rencontre de lundi entre les dirigeants de la formation et le Chef d’Etat béninois.
Lors de cette rencontre, l’ancien président Boni Yayi, chef du parti Les Démocrates, a appelé son successeur à soutenir la proposition de loi déposée à l’Assemblée nationale visant à accorder l’amnistie aux « prisonniers et détenus politiques ». La coalition au pouvoir étant majoritaire au parlement, Boni Yayi voulait que Patrice Talon appelle son camp à soutenir la proposition de loi.
Cependant, selon le député Eric Houndété, premier vice-président du parti qui a animé la conférence de presse, le Président Talon a indiqué qu’il ne lui revenait pas de se mêler des prérogatives de l’Assemblée nationale.
« Le président Boni Yayi a lui-même conduit ce plaidoyer pour que le Président de la République puisse mettre son cœur au service du pardon. Ce pardon, le Président de la République ne l’a pas compris tel que nous le souhaitons.
C’était pour nous comme un coup de massue, un coup de poignard dans les côtes », a regretté Eric Houndété, membre de la délégation du parti Les Démocrates qui a rencontré Patrice Talon lundi soir. M. Houndété rapporte que dans le cas de Réckya Madougou, le Président Talon montre « une inflexibilité » allant jusqu’à lui refuser même une grâce.
Les responsables du parti d’opposition déclarent toutefois, qu’ils ne comptent pas abandonner le combat qui se poursuivra autour de la proposition de lois actuellement à l’Assemblée nationale.
Patrice Talon n’offre aucune chance à Réckya Madougou, candidate recalée du parti Les Démocrates à la présidentielle d’avril 2021, mais d’autres militants incarcérés dans des affaires de violences électorales bénéficieront de la clémence du Président. D’après le député Houndété, « Le Président de la République a donné, séance tenante, des instructions au ministre de la justice pour que les dossiers soient accélérés», se félicite-t-il.
Le premier vice-président du parti Les Démocrates a précisé qu’il s’agit de « nombre de nos camarades et compatriotes qui sont dans les prisons du fait des élections de 2023, de 2021 et même de 2019 ».
Patrice Talon favorable à l’audit du fichier électoral
Au cours de l’audience, le Président Talon et ses hôtes ont aussi reçu des critiques de Boni Yayi contre le processus électoral et surtout la liste électorale dont il a demandé l’audit. A ce sujet, Eric Houndété a déclaré, dans son compte-rendu, que le Chef de l’Etat a cédé à leurs exigences.
Seulement, Patrice Talon opte pour un audit à l’interne en faisant appel à l’expertise locale et aux moyens de l’Etat, contrairement à la volonté du chef du parti Les Démocrates qui demandait un audit international. « Nous espérons que cet accord marqué par le Chef de l’Etat se traduira effectivement en réalité avec les exigences que cela appelle.
Lorsque nous aurons défini les contours, nous espérons qu’il continuera d’être d’accord avec nous, parce que nous ne pouvons pas continuer d’aller aux élections avec une liste qui crée des difficultés aux électeurs », rapporte le vice-président du parti Les Démocrates.
Toujours concernant le processus électoral, le parti Les Démocrates qui représente plus du quart des sièges à l’Assemblée nationale, veut intégrer la Commission électorale nationale électorale autonome (Cena).
Mais sur ce point, le président Patrice Talon n’a offert aucune garantie. Toutefois, indique Eric Houndété, le Chef de l’Etat a rassuré Boni Yayi que son parti aura désormais des places dans les structures décentralisées rattachées à la Céna. « Nous avons obtenu du Président de la République que nous mettions en place un mécanisme qui permet au parti Les Démocrates et autres forces de l’opposition, de fournir du personnel électoral.
C’est donc une deuxième avancée que nous avons pu obtenir dans la marche vers une élection un peu plus équitable et transparente », détaille le premier vice-président du parti Les Démocrates qui faisait le compte rendu de la rencontre entre Patrice Talon et une délégation du parti.
APA