Une commission d’enquête va être mise en place à l’Assemblée nationale sur les crèches, à l’initiative de LFI, dans le sillage de la publication de deux livres-enquêtes qui avaient mis au jour les dérives de certaines structures privées.
«Modèle économique», «qualité de l’accueil» des enfants : une commission d’enquête va être mise en place à l’Assemblée nationale sur les crèches, à l’initiative des Insoumis, avec l’objectif de mieux cerner des dérives épinglées ces derniers mois dans le secteur. La proposition de LFI a été adoptée mardi dans l’hémicycle par 178 voix contre 161, avec le soutien de toute la gauche, du groupe indépendant Liot et du Rassemblement national. Et malgré l’opposition de la droite et d’une large partie du camp présidentiel.
«Le combat avance pour que la dignité des enfants ne puisse être sacrifiée par la marchandisation du secteur», s’est réjouie la cheffe de file des députés Insoumis, Mathilde Panot, saluant «une victoire» sur Twitter (rebaptisé X).
La version initiale de la résolution, portée par le député LFI William Martinet, ne visait que les crèches privées, mais le champ de la future commission d’enquête a été élargi à l’ensemble du secteur, à la demande de la droite. Deux livres-enquêtes parus en septembre – le Prix du berceau et Babyzness – avaient mis au jour les dérives de certaines structures privées, où se joue une course au rendement au détriment des enfants.
Le groupe Les Républicains (LR) n’a pas apporté son soutien pour autant, jugeant que la démarche était «à charge» et «sans nuances» à l’égard des acteurs privés. Le camp présidentiel n’a pas voté d’un bloc : le groupe macroniste Renaissance et le MoDem se sont prononcés contre une initiative inutile à leurs yeux, contrairement à la plupart des votants de leurs alliés Horizons.
La résolution adoptée mardi précise que la commission se penchera sur «le modèle économique» des crèches, ainsi que sur «leur utilisation des fonds publics et les conséquences de la recherche de profit sur les conditions de travail des professionnels de la petite enfance et sur la qualité de l’accueil des jeunes enfants».
«Financiarisation»
L’initiative de LFI fait suite aux conclusions d’un rapport alarmant publié en avril par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), missionnée par le gouvernement après la mort d’un bébé de 11 mois dans une crèche privée à Lyon en 2022. Les inspecteurs avaient relevé une qualité d’accueil «très disparate» dans le secteur et recueilli des témoignages, dans le public et le privé, décrivant des situations s’apparentant à de la maltraitance dans certains établissements.
«La maltraitance ne tombe pas du ciel, elle ne peut pas non plus se résumer à une succession d’erreurs individuelles ou d’actes malveillants» mais «elle trouve son origine dans le modèle économique des crèches», a estimé William Martinet. Evoquant le scandale des maisons de retraite du groupe Orpea, l’Insoumis a dit redouter que se reproduisent «les mêmes dérives de la financiarisation» dans la petite enfance.
AFP