Le gourou d’une secte se faisant passer pour un mouvement international de yoga a été arrêté en France mardi, ainsi qu’une quarantaine de 40 personnes. Des responsables de la secte Misa, rebaptisée Atman, sont soupçonnés d’avoir conditionné les victimes à accepter des relations sexuelles. Une vingtaine de femmes sous emprise ont été libérées.
Côté face, la pratique du yoga. Côté pile, une secte structurée pour produire des violences sexuelles ? Le gourou d’un mouvement international de yoga controversé ainsi que 40 personnes ont été interpellées mardi 28 novembre en France.
Donnée par Libération et RFI, l’information a été confirmée à l’AFP de sources judiciaire et proche de l’enquête.
Parmi les 41 personnes placées en garde à vue figure Gregorian Bivolaru, 71 ans, le gourou roumain et suédois, et fondateur de ce groupe international, présenté comme axé sur la pratique du yoga, le Mouvement pour l’intégration spirituelle vers l’absolu (Misa), a précisé la source proche de l’enquête.
D’autres personnes suspectées d’être des « responsables importants » de la secte en France ont été arrêtées, a-t-elle ajouté. Les interpellations ont eu lieu notamment en Seine-et-Marne, dans le Val-de-Marne, à Paris et dans les Alpes-Maritimes, selon les deux sources.
Une vingtaine de femme sous emprise libérées
Quelque 175 policiers ont été mobilisés pour cette opération d’ampleur, coordonnée par la Caimades (cellule d’assistance et d’intervention en matière de dérives sectaires), de l’OCRVP (Office central pour la répression des violences aux personnes), sous la direction d’un juge d’instruction parisien.
Lors des arrestations, 26 femmes, dont plusieurs étaient sous emprise, ont été libérées, ont précisé les deux sources. Ces « victimes, extraites de la secte, étaient logées dans des conditions d’exiguïté et d’hygiène déplorables », a souligné la source judiciaire.
Fin juillet 2022, la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) avait adressé un signalement au procureur de la République après avoir été informée par la Ligue des droits de l’Homme de 12 signalements d’anciens membres du Misa, a précisé la source judiciaire.
Selon cette source, le Misa, rebaptisé Atman lors de son expansion hors de Roumanie, enseignait le tantra yoga, dans le but de « conditionner les victimes à accepter des relations sexuelles via des techniques de manipulations mentales visant à supprimer toute notion de consentement ».
« De nombreuses femmes de différentes nationalités déclaraient avoir été victimes des agissements de l’organisation Misa et de son leader », selon la source judiciaire.
Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire en juillet 2023, pour diverses infractions dont séquestration en bande organisée, un crime faisant encourir 30 ans de prison, abus de faiblesse en bande organisée par membre d’une secte, viols ou encore traite des êtres humains en bande organisée.
Plusieurs centaines d’adeptes en France
Le Misa a de nombreuses écoles de yoga et autres succursales, a détaillé la source proche de l’enquête.
Il incitait les femmes victimes « à accepter des relations sexuelles avec le dirigeant du groupe » et / ou à « s’adonner à des pratiques pornographiques tarifées en France et à l’étranger ».
Dès 2008, le Misa a été exclu « de la Fédération internationale de yoga et de l’Alliance européenne de yoga pour ses pratiques commerciales jugées illicites », a rappelé la source judiciaire, qui souligne aussi qu’il a déjà fait l’objet d’une procédure en Italie.
« Il est difficile de chiffrer le nombre d’adeptes » en France, mais « c’est plusieurs centaines de personnes », selon la source proche de l’enquête.
D’après la source judiciaire, « les investigations ont mis en lumière une organisation compartimentée, selon un procédé habituel en matière de criminalité organisée. »
Un groupe aux pratiques mafieuses
« Les stages avaient pour but de faire participer les personnes à des activités sexuelles et ou physiques (…) dans des conditions permettant à ce stade de caractériser l’infraction de traite des êtres humains », a-t-on encore précisé de même source.
« Les personnes y ayant séjourné dénonçaient y avoir été contraints de payer leur ‘séjour’ pour les femmes en s’adonnant à des vidéo-chats sexuels, et pour les hommes par du travail manuel », a-t-elle précisé.
france24