Les corps de quatre migrants marocains ont été retrouvés au large des côtes de Cadix, en Espagne continentale, près de leur embarcation. Trente deux autres migrants qui se trouvaient sur le même canot ont été secourus. Selon les survivants, les passeurs les ont forcés à se jeter à l’eau pour rejoindre le rivage à la nage. Les trafiquants sont ensuite repartis au large.
Quatre migrants marocains sont morts mercredi 29 novembre au large de la ville espagnole de Cadix dans le sud de l’Espagne continentale. Les corps ont été découverts près de leur embarcation, a indiqué une source policière à l’AFP.
Les quatre victimes se seraient « à priori noyées », elles naviguaient avec 32 autres migrants.
Le drame s’est déroulé en deux temps. Le bateau semi-rigide est arrivé tout d’abord près de la plage de Camposoto, à Cadix. C’est là que les passeurs ont forcé la plupart des passagers à se jeter à la mer. C’est là aussi que les quatre corps ont été retrouvés.
Puis l’équipage a ensuite poursuivi sa route vers le canal de Sancti Petri, un peu plus au sud de Cadix. Lors de ce deuxième voyage, les passeurs ont forcé les derniers occupants à sauter à l’eau. Ces derniers ont été secourus.
Parmi les survivants, quatre sont arrivés en état d’hypothermie et l’un d’eux a été hospitalisé.
La presse espagnole apporte d’autres détails. « Selon des sources de la Croix-Rouge, un survivant a déclaré qu’il avait refusé de se jeter à la mer, comme l’avaient fait les autres passagers, mais les pilotes l’ont forcé après l’avoir menacé avec un couteau. Par la suite, les passeurs ont pris la fuite vers la mer. »
La vice-présidente du gouvernement espagnol et ministre du Travail, Yolanda Diaz, s’est dite « horrifiée par cette information » et a appelé l’Europe à agir, dans un message sur le réseau social X. « Nous ne détournerons pas le regard. Nous avons besoin d’une Europe qui accueille pour que nos mers et nos océans cessent d’être une fosse commune ».
Horrizada con esta noticia. Algo muy profundo está fallando cuando quienes vienen en busca de una vida mejor solo encuentran la muerte.
No miraremos hacia otro lado. Necesitamos una Europa que acoja e incluya para que nuestros mares y océanos dejen de ser una fosa común. https://t.co/mokX9ykyYl
— Yolanda Díaz (@Yolanda_Diaz_) November 29, 2023
Ce n’est pas la première fois qu’un drame du même type se déroule à Cadix.
Le 28 septembre, un homme a été retrouvé mort dans une embarcation échouée sur la plage de Cangrejo Rojo. Le bateau avait dérivé six jours, selon les survivants.
Le 12 septembre, un autre bateau chargé d’une trentaine de personnes avait lui aussi accosté sur une plage de Cadix. Les passagers avaient quitté l’embarcation alors qu’elle se trouvait au large, « manquant de la faire chavirer » devant « les yeux ébahis » des personnes qui se baignaient à cet endroit, racontait La Voz de Cadiz. Une fois sur le sable, tous avaient pris la fuite vers l’intérieur des terres.
La route du détroit de Gibraltar
Cette route migratoire est celle du détroit de Gibraltar. Un itinéraire « historique », privilégié par « des citoyens marocains qui peuvent apercevoir [la ville espagnole de] Tarifa depuis l’autre rive », explique l’association Caminando Fronteras sur son site. Mais les exilés empruntent désormais des détours bien plus longs – comme celui qui mène jusqu’à Cadix – pour éviter les contrôles policiers.
L’Espagne constitue l’une des principales portes d’entrée migratoires en Europe, notamment par la Méditerranée occidentale avec des départs d’embarcations depuis le Maroc ou l’Algérie.
Pas moins de 13 044 migrants sont arrivés en Espagne continentale ou dans l’archipel des Baléares entre le 1er janvier et le 15 novembre, soit 11,5% de plus qu’à la même période l’an dernier, d’après les derniers chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur.
D’après l’agence européenne Frontex, les Marocains représentent près de la moitié des personnes qui empruntent cette route migratoire, devant les Algériens.
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