Megan avait 11 ans, en décembre 2002, quand elle a croisé la route de Michel Fourniret. Elle a expliqué ce jeudi 7 décembre au procès de Monique Olivier que l’homme lui avait proposé de la ramener chez elle, mais qu’elle avait refusé.
Elles avaient presque le même âge, elles habitaient la même rue et elles avaient l’habitude de jouer ensemble tous les jours. Les deux ont croisé la route de Michel Fourniret. Estelle Mouzin a disparu le 9 janvier 2003, mais Megan, elle, est toujours là, vingt ans après.
À la barre, ce jeudi matin, la jeune femme désormais âgée de 32 ans est revenue sur ce soir de décembre 2002, où elle a été abordée par l’Ogre des Ardennes, trois semaines avant la disparition d’Estelle Mouzin.
Au volant de sa fourgonnette, Michel Fourniret lui avait proposé de la ramener, mais elle avait refusé, échappant ainsi à la mort. C’est plus tard qu’elle l’avait reconnu sur des photographies.
Âgée de 11 ans à l’époque, c’est une adulte qui s’est avancée devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine. Depuis le 28 novembre, Monique Olivier est, entre autre, jugée pour complicité d’enlèvement et de séquestration suivis de mort sur Estelle Mouzin.
« Je décide de rester figée »
Ce soir-là, à Guermantes (Seine-et-Marne), Megan rentre de l’école, son « gros cartable » sur le dos. Nous sommes au mois de décembre, la nuit tombe tôt et il fait froid. « Une camionnette blanche arrive sur ma droite avec un monsieur seul qui me dit: ‘ça a l’air bien lourd ce que tu portes' », raconte-t-elle à la barre. L’homme lui propose de la ramener chez elle, mais la fillette décline.
« Mes parents m’ont toujours dit de pas monter avec des inconnus », explique Megan au tribunal.
Le conducteur insiste: » Ça a l’air vraiment lourd ». L’échange dure deux minutes, selon elle. Mais elle a peur qu’il la suive et qu’il sache où elle habite.
« Je me souviens que je voyais sa main droite sur le volant mais pas sa main gauche, je me disais qu’il allait ouvrir la porte. Je décide de rester figée », décrit-elle.
L’homme repart finalement. Pendant quelques secondes, Megan ne bouge pas, tétanisée: « Il passe devant la maison de Laura et Estelle, et il tourne. Une fois qu’il a disparu je cours jusque chez moi et ça s’arrête là. Je me rappelle avoir eu très peur », se souvient la jeune femme.
« Ça aurait pu être moi »
Trois semaines après, le 9 janvier 2003, Estelle Mouzin disparaît sur le chemin de l’école, quasiment au même endroit où Megan a croisé l’homme à la fourgonnette. La petite fille se met à chercher son amie dans leurs cachettes habituelles.
« Elle est forcément quelque part où on a l’habitude de jouer, mais je ne la trouve pas », poursuit-elle.
En juin 2003, la police vient la récupérer à la sortie du collège avec son père. On l’emmène dans les locaux de la police judiciaire de Versaille. « On me demande de faire un portrait-robot », raconte Megan.
« Vous nous avez arraché Estelle »: les témoignages poignants de la famille Mouzin lors du procès de Monique Olivier
À la barre, la jeune femme explique qu’il s’agissait d’une petite camionnette blanche, avec trois places à l’avant et les vitres arrière obstruées. Mais elle se souvient qu’il n’y avait personne dans un véhicule, à côté du conducteur. Un élément important pour éliminer la présence de Monique Olivier ce jour-là.
« J’ai culpabilisé pendant très longtemps de pas être montée dans la camionnette car ça aurait pu être moi et pas ma copine », explique-t-elle.
« Moi, ça aurait été moins grave car mes parents avaient toujours mon frère et ma sœur alors que la mère d’Estelle n’avait plus que son autre fille la maison », ajoute Megan. Mais la jeune femme est-elle sûre qu’il s’agissait bien de Michel Fourniret ce jour-là? « C’est évident maintenant », répondu Megan.
bmftv