Des dizaines de personnes ont été blessées mercredi à Kiev par une salve de missiles russes, provoquant le plus lourd bilan depuis des mois dans la capitale ukrainienne. Cette attaque illustre la pression croissante de Moscou contre laquelle l’Ukraine réclame l’aide de l’Occident.
Une attaque de missiles russes sur Kiev a fait des dizaines de blessés, mercredi 13 décembre, provoquant le plus lourd bilan depuis des mois dans la capitale à un moment où l’Ukraine réclame plus d’aide de l’Occident.
Par ailleurs, l’armée de l’air ukrainienne a indiqué jeudi dans un communiqué publié sur Telegram avoir « détruit » 41 des 42 drones explosifs lancés par la Russie dans la nuit sur son territoire.
Le ministère russe de la Défense a, pour sa part, fait état dans un communiqué de « neuf drones ukrainiens détruits ou interceptés » alors qu’ils se dirigeaient vers Moscou.
Le régime de Kiev est sur la défensive depuis l’échec de sa contre-offensive estivale, d’autant plus que les Occidentaux, Américains en tête, tergiversent désormais sur l’ampleur de l’aide politique, militaire et financière à apporter à leur allié ukrainien.
Mercredi, la défense antiaérienne a abattu les dix missiles balistiques lancés vers 3 h (1 h GMT) sur Kiev mais les débris sont retombés sur des zones habitées, notamment un hôpital pédiatrique.
Aucun mort n’est à déplorer et le centre hospitalier continue de fonctionner. En revanche, 53 personnes ont été blessées à travers la ville, dont 20 ont été hospitalisées, parmi lesquelles deux enfants, selon le ministère de la Santé.
En outre, au moins neuf drones russes de type Shahed ont été lancés sur Odessa tard mardi soir et ont aussi été abattus. Près de ce grand port du sud ukrainien, un grand hangar contenant des camions et voitures a été détruit, a constaté une journaliste de l’AFP.
« La guerre ne se gagne pas sans armes »
« Il s’est avéré que lorsque les drones ont été abattus, ils n’ont pas tous été complètement détruits », a déclaré Natalia Goumeniouk, porte-parole de l’armée dans le Sud, faisant état de deux blessés.
La Russie n’a pas communiqué sur ces frappes. Mais le ministère de la Défense affirme mercredi que l’aviation, des drones, des missiles et l’artillerie ont détruit à une date et en des lieux indéterminés des entrepôts de munitions ainsi que des sites de construction de drones.
Depuis l’automne, Moscou multiplie les attaques et veut frapper fort au moment où la volonté des Occidentaux de soutenir l’Ukraine semble faiblir.
La visite mardi du président Volodymyr Zelensky aux États-Unis en a été l’illustration, avec les républicains bloquant toute nouvelle assistance dans le cadre d’un bras de fer avec le président Joe Biden. Le chef du Sénat américain, le démocrate Chuck Schumer, a toutefois fait état mercredi de « grands progrès » dans les négociations avec les républicains.
Le dirigeant ukrainien a continué sa tournée internationale mercredi en allant à Oslo pour rencontrer les dirigeants des cinq pays nordiques, des alliés et donateurs. L’Ukraine « ne peut pas gagner sans aide », a-t-il martelé, ajoutant que le président russe Vladimir « Poutine s’était trouvé des copains en Iran et en Corée du Nord, recevant des armes qui tuent notre peuple ».
« Malheureusement, les dictateurs fournissent la Russie de manière plus régulière que beaucoup de démocraties ne le font pour l’Ukraine », a-t-il déploré à la veille d’un important sommet de l’UE à Bruxelles. Dans une lettre ouverte publiée dans le Financial Times, les cinq dirigeants nordiques ont fait valoir que « la guerre ne se gagne pas sans armes ».
À Avdiïvka, 51 attaques russes
Volodymyr Zelensky, bien conscient qu’une défaillance américaine minerait le soutien de ses autres alliés, a réclamé « un signal très fort d’unité » face à « l’agresseur ».
En Europe, plusieurs dirigeants ont martelé leur soutien à la cause ukrainienne, à l’instar du nouveau Premier ministre polonais Donald Tusk mardi et de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen mercredi.
Alors qu’un sommet crucial s’ouvre à Bruxelles, pour décider de nouvelles aides à Kiev et de l’ouverture officielle de négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’UE, le président français Emmanuel Macron a appelé mercredi l’Union européenne à être « au rendez-vous du soutien entier et durable à l’Ukraine ».
Le chancelier allemand Olaf Scholz a dit aussi vouloir un « soutien financier durable » de l’UE. « Il en va de la sécurité de l’Europe et c’est une priorité pour l’Allemagne », a-t-il ajouté.
Sur le front, long de quelque 1 000 kilomètres, les forces russes multiplient aussi les attaques, à l’Est comme au Sud.
La ville d’Avdiïvka en particulier fait l’objet depuis octobre d’une offensive russe. Selon un rapport quotidien matinal de l’armée ukrainienne, « 51 assauts ennemis (y) ont été repoussés ». « Les forces armées ukrainiennes perdent rapidement leurs positions », a, de son côté, déclaré mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Enfin, les services spéciaux ukrainiens (SBU) ont dit aider le premier opérateur mobile du pays, Kyivstar, à remettre en route ses services, toujours paralysés au lendemain d’un piratage imputé à des hackers russes.
AFP