Essequibo : le Guyana et le Venezuela s’engagent à ne pas avoir recours « à la force »

Les dirigeants du Guyana et du Venezuela se sont rencontrés jeudi sur l’archipel caribéen de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, dans l’espoir de faire baisser la tension autour du territoire de l’Essequibo, revendiqué par le Venezuela. Dans un communiqué commun, ils affirment s’être mis d’accord pour ne pas utiliser « la force l’un contre l’autre ».

Le Guyana et le Venezuela, lors du sommet entre leurs chefs d’État jeudi 14 décembre à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, sont tombés d’accord pour ne pas utiliser « la force l’un contre l’autre » dans le cadre de leur différend historique sur le territoire de l’Essequibo. Les deux États sud-américains campent toutefois sur leurs positions respectives.

« Le Guyana et le Venezuela s’accordent pour ne pas se menacer ou utiliser la force l’un contre l’autre, sous aucun prétexte », selon la déclaration commune lue à la presse, à l’issue de la rencontre entre les présidents guyanien Irfaan Ali et vénézuélien Nicolas Maduro. Les deux pays se sont aussi engagés à « s’abstenir en paroles, en actes, d’intensifier tout conflit » entre eux.

La tension était montée entre les deux pays depuis le lancement en septembre d’appels d’offres pétroliers par le Guyana, puis le référendum organisé en réaction le 3 décembre au Venezuela sur un rattachement de l’Essequibo, un territoire de 160 000 km2 riche en pétrole et ressources naturelles, administré par Georgetown et revendiqué par Caracas.

Ce sommet visait à empêcher que le conflit de s’envenimer après des déclarations vigoureuses de part et d’autre. Une nouvelle réunion aura lieu « dans les trois mois » au Brésil, selon l’accord. Celso Amorim, un conseiller du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, participait à la réunion.

Les deux présidents se sont serré la main devant les caméras avant et après la réunion, mais ils ne se sont pas présentés devant la presse. Les deux chefs d’État ont campé sur leurs positions, à l’image du président Irfaan Ali qui portait un bracelet avec la carte de son pays comprenant l’Essequibo.

Genève ou La Haye ?
Dans la déclaration commune lue par le Premier ministre du pays hôte, Ralph Gonsalves, président tournant de la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (Celac), les deux pays s’accordent pour résoudre leur différend en « accord avec le droit international, y compris l’accord de Genève », qui est la principale revendication vénézuélienne.

Le Venezuela soutient que le fleuve Essequibo devrait être la frontière naturelle, comme en 1777, à l’époque de l’empire espagnol.

Caracas estime que l’accord de Genève, signé en 1966 – avant l’indépendance du Guyana –, jette les bases d’un règlement négocié qui doit se poursuivre. Le Guyana soutient que la frontière entre les deux pays date de l’époque coloniale anglaise et que celle-ci a été entérinée en 1899 par une Cour d’arbitrage à Paris. C’est cette frontière qui est encore en vigueur à l’heure actuelle.

Mais la déclaration « note que le Guyana veut continuer la procédure en cours devant la Cour internationale de justice » (CIJ) de La Haye, la plus haute juridiction de l’ONU, et « note que le Venezuela ne reconnaît pas sa compétence ».

« Le Guyana n’est pas l’agresseur »
Le président Irfaan Ali, qui a parlé aux journalistes avant la lecture de la déclaration commune, avait réaffirmé « la défense de notre intégrité territoriale et de notre souveraineté ». « Le Guyana a tout le droit […] de faciliter tout investissement, tout partenariat […], de délivrer toute licence, d’octroyer toute concession dans notre espace souverain », a-t-il lancé.

« Le Guyana n’est pas l’agresseur, le Guyana ne cherche pas la guerre, mais le Guyana se réserve le droit de travailler avec tous ses partenaires pour assurer la défense de notre pays », a-t-il aussi lancé, alors que Caracas a accusé à maintes reprises le Guyana d’être aux ordres des États-Unis et de la compagnie pétrolière ExxonMobil.

À son arrivée dans l’archipel, le président Maduro avait indiqué : « Je viens avec un mandat du peuple vénézuélien, avec une parole de dialogue, avec une parole de paix, mais pour défendre nos droits. »

La non-reconnaissance de la CIJ était une des cinq questions que le pouvoir avait fait figurer dans le référendum. Plus de 95 % des Vénézuéliens, selon les résultats contestés du scrutin, ont soutenu cette position.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui a remercié le Brésil pour son « leadership », a réaffirmé jeudi la position des États-Unis, selon laquelle, « la frontière terrestre entre le Venezuela et le Guyana doit être respectée à moins que – ou jusqu’à ce que – les parties parviennent à un nouvel accord, ou qu’un organe juridique compétent en décide autrement ».

AFP

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