Réseaux sociaux et radios privées coupés, sites d’information interrompus sans explication, journalistes agressés… Les atteintes à la liberté de la presse se multiplient dans le pays.
L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a demandé aux autorités guinéennes de mettre « instamment » un terme à la série de mesures de restriction prises à l’encontre de certains médias privés, dénonçant des « atteintes à la liberté de presse d’une ampleur considérable ».
Arrivée au pouvoir à l’issue d’un coup d’État en septembre 2021, la junte s’était engagée à respecter la liberté de la presse, a rappelé RSF dans un communiqué.
Mais depuis mai 2023, les atteintes se multiplient : réseaux sociaux et radios privées coupés, sites d’information interrompus ou suspendus durant plusieurs mois sans explication, journalistes agressés ou arrêtés sur le terrain…
Derniers exemples en date, la Haute autorité de la communication, gendarme du secteur, a demandé au fournisseur Canal+ et à la plateforme de services de télévision payante StarTimes de retirer de son offre jusqu’à nouvel ordre Espace et Evasion, des chaînes de radio-télévision très suivies. Elle a invoqué des raisons de « sécurité nationale », sans autre précision.
Sans explication
Les radios FIM FM, Djoma FM sont en outre inaccessibles dans le pays depuis deux semaines, leurs signaux étant brouillés sans explication. Les réseaux sociaux tels que WhatsApp, Facebook, Instagram et TikTok sont, quant à eux, toujours indisponibles sans VPN, souligne aussi RSF.
« Le manque de transparence de ces décisions sous prétexte de sécurité nationale est alarmant, discréditant par ailleurs l’indépendance supposée de l’organe de régulation », a dit Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF.
Dans un communiqué, le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) et diverses associations de presse ont déclaré « ennemis de la presse » plusieurs personnalités du gouvernement, dont le Premier ministre. Ils avaient appelé à une journée sans presse [le 11 décembre], disant la profession « menacée d’extinction ».
En octobre, les forces de sécurité ont interpellé une douzaine de journalistes et dispersé à l’aide de gaz lacrymogène leur manifestation pour le déblocage du site d’information Guinée Matin, également très suivi. Des poursuites ont été engagées contre eux.
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