L’Ukraine devra attendre 2024 pour obtenir une nouvelle aide des Etats-Unis, un revers pour Zelensky

Les négociateurs républicains et démocrates ne sont pas parvenus à un accord. Et ce, malgré les pressions répétées du président américain Joe Biden et les appels de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Les speakers des deux chambres espèrent pouvoir voter sur cette aide « en début d’année prochaine ».

L’insistance du président ukrainien Zelensky n’aura pas porté ses fruits, du moins pour le moment. Les chefs du Sénat des Etats-Unis ont acté mardi le fait que le Congrès terminerait l’année, et ce, sans valider l’enveloppe de 61 milliards de dollars réclamée par Kiev et la Maison Blanche. De fait, les négociateurs républicains et démocrates ne sont pas parvenus à un accord, malgré les pressions répétées du président américain Joe Biden et les appels de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les leaders du Sénat, le démocrate Chuck Schumer et le républicain Mitch McConnell, ont dit espérer pouvoir voter sur cette aide « en début d’année prochaine ».

C’est une déconvenue de plus pour le président ukrainien, dans une année marquée par l’espoir déçu d’une grande contre-offensive, la pression accrue de la Russie sur le front et l’échec du déblocage d’une aide de 50 milliards d’euros par l’Union européenne. Et la Maison Blanche a déjà prévenu qu’elle serait « à court de ressources » pour l’Ukraine « d’ici la fin de l’année ». Volodymyr Zelensky était venu à Washington en personne – son troisième voyage dans la capitale américaine en un an – mi-décembre pour tenter d’accroître la pression. Les Etats-Unis « ne trahiront pas » l’Ukraine, avait-il espéré lors d’une conférence de presse ce mardi.

Aussi un revers pour Joe Biden
C’est aussi un camouflet sévère pour le président américain. Le locataire de la Maison Blanche a fait du soutien à l’Ukraine et du renforcement de l’alliance atlantique deux grands marqueurs de sa politique étrangère. Pour illustrer cet engagement, le dirigeant démocrate, candidat à sa réélection en 2024, s’était même rendu à Kiev en février dernier. Il s’agissait du premier déplacement d’un président américain sur un territoire en guerre, non-contrôlé par les Etats-Unis.

Mais près de deux ans après le début d’une guerre qui s’enlise – et plus de 110 milliards de dollars déjà débloqués par le Congrès – la question de la poursuite de ce soutien, « aussi longtemps qu’il le faudra », à l’Ukraine, se pose avec de plus en plus d’insistance.

Les doutes du camp républicain
Les républicains en particulier ont commencé à trouver la note trop salée. Et ils avaient conditionné leur soutien à cette nouvelle enveloppe à un durcissement drastique de la politique migratoire américaine. Les tractations sur ce dossier explosif n’ont toutefois pas abouti à temps.

Conscient que le sentiment d’urgence s’est bien émoussé à Washington depuis le début de la guerre en 2022, le président Biden avait demandé au Congrès de coupler sa demande d’aide pour l’Ukraine à une autre d’environ 14 milliards pour Israël, allié des Etats-Unis en guerre contre le Hamas. En vain.

La Russie mise sur l’essoufflement de l’aide occidentale
Depuis le début du conflit, le Kremlin mise sur l’essoufflement de l’aide occidentale, et toute hésitation des alliés de Kiev conforte la Russie dans l’idée que son pari sera gagnant. L’échec du Congrès à voter cette enveloppe ne signe pas pour autant la fin du soutien des Etats-Unis à Kiev.

Les parlementaires américains font leur rentrée le 8 janvier 2024, et les chefs républicains et démocrates du Sénat n’ont fait que répéter leur intention de valider cette enveloppe. Pour rappel, comprend un volet militaire, humanitaire et macro-économique. C’est à la Chambre des représentants, qui doit aussi approuver ces fonds, que les choses se compliquent. Son nouveau président, le républicain Mike Johnson, n’est pas opposé, sur le principe, à prolonger l’assistance américaine. Toutefois, il prétend que celle-ci n’est pas assez encadrée.

« Ce que l’administration Biden semble vouloir, ce sont des milliards de dollars supplémentaires sans supervision adéquate, sans réelle stratégie de victoire », a-t-il asséné après son entretien avec Volodymyr Zelensky mi-décembre.

Le speaker conservateur doit aussi composer avec la droite dure de son parti, des parlementaires qui ne veulent plus envoyer le moindre centime à l’Ukraine. Ces élus, proches de l’ancien président Donald Trump, ont destitué le dernier speaker il y a seulement quelques mois, l’accusant entre autres d’avoir conclu un « accord secret » sur l’Ukraine avec les démocrates.

Lors de sa conférence de presse quotidienne ce mardi, Volodymyr Zelensky a d’ailleurs prévenu qu’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche pourrait avoir un « fort impact » sur la guerre en Ukraine. A ce sujet, la Cour suprême du Colorado a déclaré ce mardi Donald Trump inéligible à la présidence en raison de ses agissements lors de l’assaut du Capitole. L’ancien président républicain a indiqué qu’il contesterait cette décision de justice auprès de la Cour suprême des Etats-Unis.

Nouveau pas pour l’adhésion de l’Ukraine à l’UE
Revenu de Washington sans avoir convaincu le Congrès de débloquer les 60 milliards de dollars dont ses forces armées sont toutefois dépendantes, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a tout de même trouvé la semaine dernière un motif de satisfaction en Europe. Au moment où sa cote de popularité est au plus bas, que le soutien international marque le pas, et que la Russie renforce ses positions sur le champ de bataille, l’Union européenne a en effet voté l’ouverture des négociations avec l’Ukraine pour son adhésion.

La décision a été prise à l’unanimité par 26 pays, en l’absence de la Hongrie, lors de la tenue du Conseil européen à Bruxelles jeudi et vendredi dernier. En revanche, son Premier ministre Viktor Orbán a mis son veto au plan de financement (33 milliards de prêts et 17 milliards de dons) sur quatre ans pour soutenir l’économie de l’Ukraine et son effort de guerre.

Selon Bruxelles, l’Ukraine pourra payer les salaires et les retraites jusqu’en mars, grâce au versement dans les prochains jours de la dernière tranche de 1,5 milliard d’euros du programme d’aide actuel de l’UE.

Et même si Viktor Orbán bloque en janvier le budget de l’UE, Kiev pourrait bénéficier d’aides directes des États membres, ont indiqué plusieurs responsables, réitérant leur soutien à l’Ukraine, depuis l’invasion du pays par la Russie en février 2022. « Nous ferons tout ce qu’il faudra, aussi longtemps qu’il le faudra », a réaffirmé le chancelier allemand Olaf Scholz à l’issue du sommet.

latribune

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