Le président de Guinée-Bissau a nommé mercredi soir un nouveau gouvernement dirigé par Rui Duarte Barros, qui aura pour mission de lutter contre la corruption. Les membres de la nouvelle équipe gouvernementale sont issus du camp présidentiel et de la coalition d’opposition PAI-Terra Ranka, qui reste majoritaire.
Le président de Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embalo a formé mercredi 20 décembre un nouveau gouvernement et assigné la lutte anti-corruption au chef de cette nouvelle équipe, dans un contexte de crise marqué par la dissolution de l’Assemblée et des affrontements que Umaro Sissoco Embalo a qualifiés de « tentative de coup d’État ».
« La lutte sans trêve contre la corruption doit être la toile de fond (des tâches) de ton équipe.
Personne n’a le droit de prendre pour lui seul le bien public », a déclaré mercredi Umaro Sissoco Embalo lors de l’investiture du nouveau chef de gouvernement, Rui Duarte Barros.
« Si demain nous découvrons des soupçons de corruption sur toi, tu iras toi aussi (répondre) devant la justice. Toutes les institutions doivent être auditées, à commencer par les comptes de la présidence (de la République). Personne ne doit être au-dessus de la loi », a-t-il ajouté en créole portugais de Guinée-Bissau, une des langues les plus parlées dans cette ex-colonie portugaise.
Un nouveau gouvernement de 33 membres
Umaro Sissoco Embalo a ensuite nommé un nouveau gouvernement de 33 membres formé de 24 ministres et neuf secrétaires d’État, issus de son camp et de la coalition d’opposition PAI-Terra Ranka, qui reste majoritaire dans la nouvelle équipe gouvernementale. Ces nouveaux ministres et secrétaires d’État doivent être investis jeudi, selon un programme officiel.
Le nouveau Premier ministre Rui Duarte Barros a été chef d’un gouvernement de transition au début des années 2000, après avoir été ministre des Finances à la fin des années 90. Il remplace Geraldo João Martins, qui a été évincé mercredi, huit jours après avoir été reconduit à la tête du gouvernement.
Les deux dirigeants sont membres du parti historique PAIGC qui dirige la coalition PAI-Terra Ranka, devenue majoritaire à l’Assemblée nationale, avec 54 sièges sur 102, après les élections législatives de début juin.
Geraldo João Martins avait été reconduit à la tête du gouvernement le 12 décembre malgré la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Embalo – le 1er décembre, des affrontements avaient opposé la Garde nationale et l’armée, faisant au moins deux morts dans la capitale Bissau. La dissolution du Parlement appelle la tenue d’élections législatives à une date indéterminée.
« Coup d’État constitutionnel »
Le chef de l’État bissau-guinéen a qualifié les événements du 1er décembre de « tentative de coup d’État » alors que le président du Parlement et adversaire de longue date de Umaro Sissoco Embalo a dénoncé un « coup d’État constitutionnel » de la part de ce dernier.
Les heurts du 1er décembre ont commencé lorsque des éléments de la Garde nationale ont fait irruption dans les locaux de la police judiciaire pour en extraire le ministre de l’Économie et des Finances et le secrétaire d’État au Trésor public qui y étaient interrogés à propos d’un retrait de dix millions de dollars des caisses de l’État.
Ces affrontements sont considérés comme une nouvelle illustration des fractures politiques profondes au cœur de l’État, qui traversent aussi les forces de sécurité. La Guinée-Bissau a connu depuis son indépendance du Portugal en 1974 une kyrielle de coups d’État ou de tentatives de coup d’État.
AFP