Le port de Cherbourg désormais surveillé par des drones

Des drones vont désormais survoler le port de Cherbourg afin de détecter les intrusions de migrants qui tentent de traverser la Manche vers le Royaume-Uni ou l’Irlande. Le préfet de la Manche Xavier Brunetière vient de donner son feu vert, jeudi 21 décembre, à « la captation, l’enregistrement et la transmission d’images au moyen de caméras aéroportées avec fonction thermique ».

Le survol de drones est autorisé pour les trois prochains mois, a minima. Deux agents de la police aux frontières (PAF), spécifiquement formés, auront la charge de contrôler ces drones et d’appuyer leurs collègues dans « des interventions rapides, de jour comme de nuit », avec l’objectif de « lutter contre le franchissement irrégulier des frontières »,

Dans son arrêté du 18 décembre, le préfet avance deux motifs. D’un côté, les dommages matériels, comme la « découpe des grilles et barbelés » ou encore les « bris des scellés de sécurité sur les portes, entailles des bâches de remorques, destructions de cargaisons » nécessaires aux personnes pour se cacher dans les poids lourds.

Ces tentatives s’accompagnent aussi parfois de « violences physiques entre migrants et chauffeurs routiers », souligne l’arrêté.

Ensuite, les risques que prennent les exilés pour eux-mêmes. « Chutes et blessures graves, risque d’être happé par les essieux des camions, risque de tomber à la mer lorsqu’ils progressent par des passages ou lieux dangereux, difficiles d’accès », justifie l’arrêté.

Un mur déjà en cours de construction sur le port de Cherbourg

Les associations locales, solidaires des personnes exilées, épinglent de leur côté la militarisation progressive de la zone portuaire. L’association Itinérance dénonce par exemple « un mur scandaleux érigé en pleine ville ».

Il s’agit d’une nouvelle clôture en construction, de quatre mètres de haut, délimitant sur trois kilomètres et demi la zone d’accès restreint du port.

Elle vient doubler une clôture déjà existante, de près de 3 mètres de haut.

Cette nouvelle clôture doit être achevée pour le mois de mars 2024. Ces travaux sont financés à hauteur de 3,2 millions d’euros par les britanniques, dans le cadre de l’accord entre la France et le Royaume-Uni sur la gestion de la frontière, rappelle Actu.fr.

183 interpellations depuis le début de l’année

Le préfet de la Manche reconnaît surtout le manque d’efficacité du dispositif actuel pour stopper les candidats à l’exil. Jusqu’ici, ce dispositif était basé sur le déploiement de patrouilles policières, d’agents de sécurité et de caméras de vidéosurveillance.

Au vu de l’amplitude de la zone, de la mobilité des personnes et de la diversité des endroits où se cacher – autant dans la végétation que dans le parking -, les moyens jusqu’ici mis en œuvre « montrent leurs limites », écrit-il.

La préfecture décompte 183 interpellations entre le 1er janvier et le 29 novembre 2023, pour cause d’intrusion dans le port. Elle craint que le phénomène soit « amené à s’aggraver d’ici l’automne 2024 avec l’arrivée, par le biais du ferroutage, de convois de remorques en provenance du Sud Ouest de la France ».

Ce projet de ferroutage vise la circulation, à partir de l’été 2024, d’un train par jour de Bayonne à Cherbourg. Celui-ci permettra de remorquer des poids lourds supplémentaires jusqu’au terminal portuaire.

Au moins 18 morts ces quatre derniers mois

Lundi 18 décembre, au moment du passage de la loi immigration en commission mixte paritaire, près de 80 citoyens s’étaient réunis à Cherbourg en solidarité avec les personnes exilées, pour lesquelles les traversées de la Manche sont particulièrement meurtrières.

Depuis le début de l’année, au moins neuf exilés ont péri dans la Manche, en tentant de rejoindre les côtes britanniques sur des embarcations précaires et surchargées.

Utopia 56 enregistre de son côté au moins 18 morts, ces quatre derniers mois, dans la région.

Des exilés « noyés lors d’une tentative de traversée ou dans un étang en essayant de se laver, renversé ou tombé d’un camion sur l’autoroute, poignardé dans un règlement de comptes ou dans un conflit pour un repas », liste l’association, comparant la région à un « tombeau pour notre humanité ».

infomigrants

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