Bourdonnements, sifflements parfois insupportables dans les oreilles… De nombreuses personnes souffrent d’acouphènes et dans près de 40 % des cas, la cause demeure inconnue. Et sans cause connue, pas de traitement direct. Mais de récents travaux menés par une équipe de chercheurs américains semblent offrir une lueur d’espoir pour mettre fin à ces acouphènes inexpliqués.
Les acouphènes perturbent le quotidien de 10 % de la population. Les acouphènes, ce sont ces bourdonnements ou sifflements perçus par la personne qui en souffre, mais qui ne viennent pas de l’extérieur. Ils peuvent concerner une seule ou les deux oreilles. S’ils sont récents et durent plusieurs heures par jour, il s’agit d’acouphènes aigus. On parle d’acouphènes chroniques dès lors qu’ils persistent plus de trois mois. Invalidants, les acouphènes entraînent des difficultés d’endormissement, des problèmes de concentration, voire un trouble anxieux et une dépression.
Les facteurs de risques d’acouphènes
Ils sont dans la majorité des cas dus à un dysfonctionnement du système auditif ou des lésions de ses fibres nerveuses. « Ainsi, les acouphènes sont associés à des pertes d’audition dans environ 80 % des cas », précise l’Inserm. La perte auditive liée à l’âge, l’exposition au bruit et les traumatismes sonores en sont les principaux facteurs de risques.
Pour compenser cette perte auditive, des mécanismes sont alors mis en place par le cerveau. « Des activités anormales générées le long de la voie auditive peuvent alors être interprétées comme des sons par le système nerveux central, sans stimulation acoustique extérieure. Ces signaux sont perçus comme des bruits désagréables, voire insupportables : c’est l’acouphène », détaille l’Inserm.
Des lésions du nerf auditif à l’origine d’une hyperactivité dans le tronc cérébral
Mais alors comment, dans ce cas, expliquer les acouphènes chez des personnes sans aucun problème d’audition ? C’est la question que s’est posée une équipe de chercheurs du Massachussetts Eye and Ear, dont les travaux ont été publiés le 30 novembre sur le site de la revue Nature. Cette équipe a pu mettre en lumière une atteinte du nerf auditif non détectée par les tests standards.
Cette atteinte serait-elle alors à l’origine des acouphènes ?
Les chercheurs ont étudié une cohorte de patients présentant des acouphènes, sans troubles de l’audition. Chez ces personnes, tout comme chez les personnes malentendantes souffrant d’acouphènes, une hyperactivité dans le tronc cérébral a également été observée. « Notre travail montre que les acouphènes peuvent être dus à une atteinte du nerf auditif », résume le Pr. Stéphane Maison, directeur de l’équipe. Prochaine étape ? Être capable de réparer le nerf abîmé grâce à des médicaments qui miment l’effet des neurotrophines, capables de régénérer les cellules du système auditif.
Vivre avec les acouphènes
Actuellement, le traitement des acouphènes dépend de la cause. Si une cause est diagnostiquée, elle est traitée ce qui pourra faire disparaître ou au moins diminuera les acouphènes. Il peut s’agir d’une otite, d’un bouchon de cérumen, d’une anomalie au niveau d’une veine du cou… Mais dans près de 40 % des cas, les acouphènes sont idiopathiques, la cause est inconnue. Aucun traitement n’existe pour les traiter directement.
Il s’agira alors d’aider le patient à vivre avec ses acouphènes.
« La thérapie comportementale et cognitive mise en place par un psychiatre ou un psychologue aide le patient à mieux vivre avec ses acouphènes en modifiant ses réactions et interprétations à leur égard », explique Ameli.fr. Le port d’un générateur de bruits, sur une période de 18 mois environ, peut être bénéfique.
« Il s’agit d’un petit appareil ressemblant à une prothèse et produisant un bruit de fond doux, qui masque les acouphènes et qui permet également d’obtenir une “habituation” à l’acouphène, soulageant ainsi la gêne quotidienne », poursuit le site de la Sécurité sociale. Contre l’anxiété et la dépression générées chez certains patients, un traitement médicamenteux est parfois indiqué.
futura