Une enquête parlementaire est en cours au Brésil pour examiner la gestion de la pandémie de Covid-19 par le gouvernement Bolsonaro, et de forts soupçons de corruption sont apparus.
Cette enquête est en cours depuis plusieurs semaines, mais les événements se sont un peu précipités au cours des derniers jours. On a vu des personnalités sortir de l’ombre, comme un député de la majorité, favorable au gouvernement Bolsonaro, et son frère, qui travaille au ministère de la Santé. On les a vus dénoncer des pressions et des arrangements pour faire approuver l’achat de vaccins indiens (Covaxin).
Ils affirment avoir averti le président Bolsonaro d’une série d’irrégularités, mais celui-ci n’a rien fait. Il aurait fermé les yeux au lieu de dénoncer un crime. En langage juridique, il s’agirait de « prévarication », un crime passible de destitution, selon l’opposition. C’est ce que certains appellent déjà le Vaccingate, c’est-à-dire une sorte de Watergate déclenché par la corruption autour des vaccins en pleine pandémie, et avec plus de 500 000 morts en toile de fond.
Manifestations des pro et anti-Bolsonaro
Si deux présidents brésiliens ont été destitués au cours des 30 dernières années, c’est encore peu probable que Jair Bolsonaro subisse le même sort. Mais il y a une très forte tension politique dans l’air. Pratiquement tous les week-ends, il y a des manifestations pour ou contre Jair Bolsonaro. Le président brésilien préfère les virées à moto, alors que l’opposition préfère descendre dans la rue – malgré le virus qui circule toujours –, pour affirmer que le président s’est rendu responsable de crimes tout au long de cette crise sanitaire.
La pression en faveur de la destitution se fait plus forte, mais elle dépend du Congrès. Pour l’instant, le président de la Chambre des députés a dit qu’il n’en était pas question. Mais politiquement, les choses commencent un peu à bouger.
Il y a beaucoup de « déçus du Bolsonarisme », ceux qui ont pris leurs distances avec le pouvoir, et d’autres qui manifestent contre le gouvernement. Et puis, la pandémie laisse des traces : la popularité de Jair Bolsonaro est en chute libre, alors qu’on est à un peu plus d’un an de la présidentielle. Selon deux sondages publiés récemment, il serait battu à plate couture par l’ancien président Lula, peut-être même dès le premier tour.
Le problème, c’est que Jair Bolsonaro a déjà mis en garde contre d’éventuelles fraudes. Et en cas de fraude, il a prévenu qu’il ne reconnaîtrait pas le résultat des élections, un peu comme l’a fait Donald Trump, aux États-Unis.
Source: rfi