John Woo, l’un des maîtres du cinéma d’action hongkongais, revient sur les terres américaines en nous proposant un film de Noël qui flingue plus qu’il ne cause sur Prime Vidéo. Silent Night va-t-il faire du bruit ?
Son retour sur ses terres lui ont permis de signer à nouveaux quelques métrages majeurs à l’image de son dyptique Les 3 Royaumes, mais rien n’a faire, son style s’émousse et son dernier bébé, Manhunt, sort en 2017 sans fanfare.
Le synopsis de Silent Night est extrêmement simple. Alors que la guerre des gangs fait rage dans les rues de la ville, Brian (Joel Kinnaman) profite de Noël avec sa femme et son jeune fils.
Un scénario sous silence
Vous l’aurez compris, la particularité de Silent Night n’est pas à rechercher sous la plume du scénariste Robert Archer Lynn, mais dans son concept : un film de vengeance entièrement muet.
Sur le papier, l’idée est plaisante. Dans les faits, si Joel Kinnaman livre une prestation solide pour exprimer beaucoup sans ouvrir la bouche, le reste du film va s’épuiser à trouver tous les subterfuges pour maintenir ce silence au-delà de son personnage principal, utilisant seulement la radio de la police quand il ne peut plus faire autrement.
Un délire jusqu’au-boutiste qui va insister sur le rôle du metteur en scène dont la caméra doit parvenir à raconter ce que les comédiens ne disent pas.
Certes, l’histoire ne prétend évidemment pas nous balancer autre chose que son film de vengeance à concept, sauf que ce n’est pas une raison pour traiter avec un tel mépris son sujet, notamment lorsqu’il s’agit d’y inclure des figures obligées dans le cinéma de John Woo (Kid Cudi en flic), balancées ici avec la seule volonté de camoufler le vide environnant.
Silent Night a la subtilité de l’oncle trop alcoolisé au repas de famille, néanmoins, il aura la bonne idée d’attendre ses cinq dernières minutes avant de nous balancer la tête la première dans une marmite de pathos dans une mise en scène ridicule digne d’un mauvais téléfilm de Noël.
Sois beau et tais-toi ?
Vous nous direz, jouer au roi du silence, c’est amusant, mais est-ce que le petit papa baston a rempli sa hotte ? Après tout, si on est devant Silent Night plutôt que devant un énième visionnage de Maman, j’ai raté l’avion, c’est bien parce qu’au fond de nous, on sait que le rouge du manteau du Père Noël sert à camoufler les taches de sang non ?
Sur le coup, le film commence sur les chapeaux de roues avec une séquence introductive menée à cent à l’heure qui laisse présager une action nerveuse de la part d’un homme qui sait y faire.
Et lorsque l’on commence gentiment à piquer du nez, à vingt minutes de sa fin, le film s’emballe enfin et commence à cracher ses tripes.
C’est là où le bât blesse davantage.
Parce que Silent Night n’est pas déplaisant grâce à un concept accrocheur la moitié du temps et une scène d’action bien menée. Néanmoins, il n’a strictement rien qui permet de le détacher du lot, comme si on avait encore besoin d’une énième production générique qui n’exploite même pas sa position de film de Noël.
On l’a vu et aussitôt oublié.
Un drame en un acte lorsqu’on se rappelle qui est derrière la caméra.
Le bonhomme n’impose jamais son style au sein d’un projet qui semble avoir été vite tourné, vite expedié, comme s’il s’agissait surtout d’un film de commande pour payer le loyer.
Aucune énergie, aucune nouveauté, aucune idée de génie ou d’un plan mémorable au sein d’un métrage à la colorimétrie terne, à un numérique déjà daté et aux personnages secondaires écrits comme des meubles IKEA. Tout y est artificiel. John Who ?
journaldugeek