Depuis déjà quelques années, TikTok a transcendé les limites du simple réseau social pour devenir la source d’information privilégiée des jeunes. Malgré la censure, la sexualité n’échappe pas au phénomène, et les recherches liées à l’intimité cartonnent en France, rapporte une étude publiée il y a quelques jours par la plateforme ZAVA, expert en téléconsultation et spécialisé en santé sexuelle.
Épilation, VIH et anatomie
Parmi les termes les plus recherchés sur le réseau social, c’est le hashtag “épilation” qui arrive en large tête, avec plus de 2 milliards de vues cumulées. Les mots-clés VIH, Sida et Lesbienne complètent le podium, avec 1,8 et 1,5 milliard de vues, juste devant l’anatomie sexuelle, qui cumule 1,4 milliard de vues sur l’année écoulée chez le public francophone. Viennent ensuite les termes règles, transgenre, virginité, avortement, gynécologie, et pilule.
Si TikTok est loin d’être l’endroit le plus adapté pour parler de sexe, les jeunes s’informent là où ils le peuvent.
À défaut de bénéficier des trois cours d’éducation à la vie affective et sexuelle, pourtant rendus obligatoires depuis 2001 entre le collège et le lycée, les internautes de la Gen Z construisent leur identité intime sur les réseaux sociaux.
Instagram a longtemps joué le rôle de safe place à cet usage, c’est désormais TikTok qui détrône la plateforme de partage de photos, trop souvent encline à censurer les contenus qu’elle juge indécents.
Reste que derrière toute la bonne foi d’une éducation sexuelle empirique, les réseaux sociaux sont aussi un nid à fake news, où la désinformation et les injonctions se propagent comme une trainée de poudre. Si les influenceuses sexo ont réussi à ouvrir le dialogue autour du consentement et de l’asexualité, elles ont aussi contribué à véhiculer de nouvelles normes et injonctions, en dictant ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.
Pour des personnes influentes, mais non formées aux protocoles médicaux, le risque de s’improviser coachs sexuels 2.0 peut aussi devenir dangereux.
Ainsi, il n’est pas rare de voir des internautes conseiller aux jeunes filles de parfumer leur vulve et de laver l’intérieur de leur vagin au savon (le moyen le plus sûr de développer une mycose). Outre les polémiques ultra-médiatisées des influenceurs issus de la télé-réalité, qui promettaient de rendre aux femmes un vagin de jeune fille de 12 ans grâce à des opérations de médecines esthétiques ou des pilules miracles, les risques d’une information erronée peuvent avoir de lourdes conséquences en matière de sexualité.
“Les réseaux sociaux demeurent un environnement peu filtré où la désinformation et les mythes peuvent se propager, d’où l’importance de consulter des professionnels de santé pour toute préoccupation concernant le bien-être intime” – Dr. Sophie Albe-Ly, médecin généraliste
Briser les tabous
À condition que la plateforme offre une modération juste et éclairée des contenus qui passent par son algorithme, l’éducation sexuelle peut et doit aussi passer par les nouvelles technologies. Plusieurs plateformes dédiées existent déjà, à l’image de Sylex, l’application d’éducation à la sexualité pensée pour les adolescents, ou encore Climax, qui se destine davantage à un public adulte.
Car si la Gen Z a mille questions à poser, elle se heurte souvent à la méconnaissance ou à la gêne de ses ainés, qui ne lui offre pas d’espace suffisant pour ouvrir le dialogue. Le sexe reste tabou, la pornographie diabolisée, et les injonctions présentes dès le plus jeune âge.
Zava Med