Le « caucus » de l’Iowa ouvre lundi 15 janvier les primaires de la droite américaine, les républicains de cet État du Midwest votant pour désigner qui sera le candidat à affronter le président Joe Biden à la présidentielle en novembre. Donald Trump part très largement favori, les sondages donnant l’ex-président plus de 30 points d’avance sur ses rivaux, notamment l’ancienne ambassadrice des États-Unis à l’ONU Nikki Haley et le gouverneur de Floride Ron DeSantis, désormais en troisième position.
Le « caucus » américain est un mode de scrutin traditionnel : les électeurs sont réunis dans une salle, et pour voter ils doivent se déplacer physiquement dans un coin de la salle pour former cinq petits groupes, chacun représentant un des cinq candidats toujours en lice. Pour désigner le vainqueur, on compte tout simplement le nombre d’électeurs dans chaque groupe.
Tous les militants républicains de l’Iowa sont appelés à voter, soit près de 180 000 personnes au total, pour désigner le candidat officiel chargé de représenter les conservateurs à la présidentielle américaine en novembre 2024.
Cette primaire de l’Iowa est considérée comme la plus importante, parce que cet État est le premier à voter : cette primaire donne donc a priori le ton de tout le processus électoral qui s’étale jusqu’en juin, et pour cela, les candidats concentrent tous leurs efforts de campagne dans ce petit État rural du Midwest d’à peine trois millions d’habitants.
Vers une victoire de Trump historique, bien avant la fin des primaires ?
Donald Trump est en tête de la course depuis des mois. Dans ses vidéos de campagne, il est tout simplement présenté comme « l’envoyé de Dieu sur terre » pour combattre les « marxistes » qui menaceraient l’Amérique.
Plus populaire que jamais, adulé par ses partisans à tel point qu’il n’a participé à aucun débat télévisé dans cette campagne, l’ancien président pourrait battre un record en remportant cette primaire avec la plus large avance jamais enregistrée par un candidat, si les sondages se révèlent vrais, rapporte notre envoyé spécial à Des Moines, David Thomson.
Ces rivaux sont actuellement à plus de trente points derrière lui : au dernier sondage, Trump est à 55%, suivi de son ancienne ambassadrice à l’ONU Nikky Haley à 21%. Le gouverneur de Floride Ron DeSantis, un temps considéré comme celui qui allait permettre de tourner la page des années Trump, en est réduit à une troisième position avec à peine 15% des intentions de votes, après une campagne marquée par les faux-pas.
L’avance de Trump est telle que la plupart des analystes s’attendent à ce qu’il soit investi candidat bien avant la fin des primaires, peut-être même avant le « Super Tuesday » : lors de cette journée déterminante le 5 mars, 16 États américains vont voter le même jour.
Les nombreuses inculpations par la justice ne font que renforcer sa position dominante
Cette avance de Donald Trump intervient malgré ses nombreuses inculpations par la justice américaine. Cela peut sembler paradoxal, mais ses ennuis judiciaires sont devenus au fil des mois sont principal argument de campagne.
Au lendemain des législatives des mi-mandat, en novembre 2022, Ron DeSantis faisait figure de nouvelle star du parti républicain et l’ancien président Donald Trump n’était pas le favori pour l’investiture républicaine. Tout a changé avec ses quatre inculpations qui ont propulsé sa popularité.
Ces inculpations ont fait de Donald Trump un martyr politique intouchable auprès de ses partisans : le milliardaire est parvenu à les convaincre qu’il s’agit d’une machination politique des démocrates visant à l’empêcher de se présenter.
L’ancien président est si populaire à droite que ses rivaux ont dû faire campagne contre lui sans pouvoir véritablement le critiquer, de peur de s’aliéner sa base électorale, la fameuse base MAGA, pour son slogan « Make America Great Again » (soit « Rendre la grandeur à l’Amérique ») qui domine largement le parti républicain aujourd’hui.
Présidentielle américaine: l’argent dépensé en publicité politique devrait battre tous les records
Une campagne repose sur des levées de fonds et aux États-Unis, les candidats en récoltent traditionnellement beaucoup, mais à en croire les spécialistes il leur en faut encore plus pour cette présidentielle 2024 : les sommes dépensées en publicités politiques devraient battre tous les records.
Récolter des fonds, cela se base sur le long terme mais aussi sur des « coups » : début décembre, lors d’un passage d’un week-end à Los Angeles, Joe Biden a levé plus de quinze millions de dollars. En août dernier, Donald Trump affirmait avoir, lui, levé 20 millions de dollars en trois semaines, grâce à ses déboires judiciaires : son inculpation à Washington, et la prise de sa photo d’identité judiciaire à Atlanta. Sachant qu’une partie de l’argent levée par l’ex-président n’est pas dépensé en spots pour sa campagne : elle lui permet justement de financer sa défense devant la justice.
Selon l’agence indépendante qui veille au respect de la loi sur le financement des campagnes, entre novembre 2022 et septembre 2023,
Donald Trump a récolté 60 millions de dollars, Joe Biden 56, Ron DeSantis 31 et Nikki Haley un peu moins de 19. Des chiffres qui ne comprennent pas l’entièreté des sommes perçues, et qui sont de toute manière déjà obsolètes, particulièrement pour Nikki Haley, qui en quelques semaines vient de récolter 24 millions de dollars : les grands donateurs républicains opposés à Donald Trump semblent avoir reporté sur elle les espoirs qu’ils mettaient en Ron DeSantis. En tous cas pour les derniers chiffres, rendez-vous le 31 janvier, c’est la date limite de déclarations de frais de campagne.
rfi