Les villes africaines au défi des transports durables

Dans sa rubrique Questions d’Environnement de ce mercredi 17 janvier 2024, RFI a rappelé que le Sénégal a inauguré, le 14 janvier 2024, en grande pompe un réseau de bus 100% électriques : les Bus rapid transit (BRT) qui circuleront dans quelques semaines sur une voie réservée entre Dakar et l’une des banlieues de la capitale.

La promesse : diviser le temps de trajet par deux, diminuer la pollution de l’air et réduire les émissions responsables du changement climatique. Dans un monde qui se réchauffe, la question des transports sera cruciale pour rendre les villes africaines plus durables.

Signalons que le secteur des transports est déjà responsable d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

C’est le secteur dont la contribution au réchauffement climatique augmente le plus rapidement, notamment en Afrique. Et les projections démographiques indiquent que la question de la mobilité sera encore plus prégnante dans les grandes villes du continent dans les décennies à venir.

L’urbanisation y est en effet galopante.

D’ici à 2030, 50% de la population africaine vivra en ville. À l’horizon 2050, ce sera plus de 60%. Cela signifie que les besoins en transports seront exponentiels alors même que beaucoup de villes africaines sont déjà tentaculaires, très embouteillées, avec peu de transports en commun et très polluées. Or, si l’on veut lutter contre les effets de changement climatique qui frappent de plein fouet le continent – les sécheresses et les inondations meurtrières par exemple – il va falloir inciter les citoyens à éviter les véhicules thermiques car c’est un mode de transport qui émet beaucoup de gaz à effet de serre.

Passer directement aux transports propres

Pas facile alors que la voiture est vue comme un symbole de réussite sociale et économique. Le continent a un avantage : sa population n’est pas encore accro à la voiture, contrairement à beaucoup d’Occidentaux. 80% des citadins africains ne possèdent pas de véhicule à moteur. Certaines villes africaines pourraient donc passer directement du manque d’infrastructures à des transports collectifs propres. Sans passer par la case pétrole.

« À ce sujet, je voudrais paraphraser ce qu’avait dit un ancien maire de Bogota : un pays développé n’est pas un pays où les pauvres ont une voiture particulière, c’est un pays où les riches utilisent les transports en commun, réagit au micro de RFI, Mohamed Mezghani, secrétaire général de l’Union internationale des transports publics. C’est l’objectif que nous devons avoir pour nos villes.

Si on veut que nos villes se développent durablement, il est important qu’elles ne se développent pas autour de la voiture particulière ».

Les bénéfices sont multiples : moins de voitures thermiques et plus de transports collectifs propres comme les bus électriques, le métro ou le train, c’est un air plus propre que l’on respire et donc une meilleure santé. C’est aussi plus de sécurité, notamment pour les piétons. Aujourd’hui, 650 personnes meurent chaque jour d’un accident de la route en Afrique.

Certaines villes ont déjà enclenché le mouvement. Dar-es-Salaam et Johannesburg ont développé un réseau de bus avec des voies réservées, Casablanca un tramway, Abidjan et Lagos construisent un métro, pour ne citer que quelques exemples. Mais les freins sont encore nombreux : l’absence d’autorités chargées des transports publics dans beaucoup de villes, le besoin en formation, la corruption ou encore le manque de planification à long-terme.

RFI

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