Le président français, Emmanuel Macron, est l’invité d’honneur vendredi de la fête de la constitution indienne. La France et l’Inde cherchent à renforcer leurs relations, notamment dans le domaine de l’armement. Paris lorgne de nouveaux contrats militaires avec l’Inde. Emmanuel Macron fera la promotion de la France auprès des investisseurs indiens.
Chars, avions de chasse, régiments en grand uniforme. Le président français Emmanuel Macron a assisté vendredi 26 janvier à une démonstration de force de l’armée indienne lors d’un défilé militaire haut en couleur à New Delhi.
Le chef de l’Etat était l’invité d’honneur du Premier ministre Narendra Modi et homme fort de l’Inde pour la fête de la Constitution indienne, entrée en vigueur le 26 janvier 1950, deux ans après l’indépendance.
Les deux dirigeants ont assisté à la parade côte-à-côte depuis la tribune d’honneur dans un cérémonial mêlant tradition de l’Empire britannique et symboles de l’Inde contemporaine.
Emmanuel Macron a remonté la grande avenue de parade conduisant à l’India Gate, l’Arc-de-Triomphe indien, dans un carosse tiré par six chevaux et emmené par un détachement de cavalerie en grand apparat.
Après le coup d’envoi du défilé, au son de l’hymne indien et de 21 coups de canon, 150 légionnaires français, célèbres pour leur pas très cadencé, ont ouvert les festivités, suivis d’un survol de deux chasseurs Rafale français.
A great honor for France.
Thank you, India. pic.twitter.com/fXfp4hdCsb— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 26, 2024
Sous un soleil contrarié par un voile de pollution, chars russes T-90, cavalerie à dos de chameau, infanterie, marins et aviateurs se sont succédé sur un pas très martial.
Loin de Paris, le président français continue toutefois de suivre la fronde des agriculteurs qui menacent de bloquer tout le pays. Il a aussi réagi jeudi soir à l’invalidation d’une partie de la loi contestée sur l’immigration par le Conseil constitutionnel, chargé notamment de se prononcer sur la conformité à la Constitution des lois.
Narendra Modi, qui avait été l’invité d’honneur pour le défilé militaire du 14-Juillet à Paris, lui rend la pareille six mois plus tard alors que le partenariat industriel et militaire s’intensifie entre les deux pays.
Le dirigeant nationaliste hindou, déterminé à afficher la puissance indienne sur la scène internationale, avait d’abord invité le président américain, Joe Biden, qui n’a finalement pas donné suite sur fond de tensions après un projet d’assassinat d’un séparatiste sikh à New York.
La France lorgne de nouveaux contrats militaires avec l’Inde, dont le premier fournisseur d’armements reste la Russie mais qui, soucieuse de son autonomie stratégique, continue à diversifier ses acquisitions. Elle espère aussi lui vendre six réacteurs nucléaires EPR.
Les crises internationales se sont aussi invitées dans les discussions
L’Inde a déjà acheté 36 Rafale français pour son armée de l’Air et est en négociation pour en acquérir 26 autres pour sa Marine. Elle souhaite aussi consolider sa base industrielle de défense à travers des coentreprises avec des groupes français, de Dassault au missilier MBDA.
Le président Macron fera aussi la promotion de la France auprès des investisseurs indiens, encore peu présents dans ce pays, avant de s’adresser à la communauté française, l’occasion peut-être de revenir sur la situation politique et sociale en France.
Jeudi, Narendra Modi avait déjà sorti le grand jeu en invitant son hôte à parader dans les rues de Jaipur devant des dizaines de milliers d’Indiens en liesse scandant surtout « Modi, Modi ».
Au-delà du faste, les crises internationales, de l’Ukraine à Gaza, se sont aussi invitées dans les discussions. L’Inde, alliée de longue date de la Russie, refuse de condamner son offensive en Ukraine.
Á la fois première puissance démographique (1,43 milliard d’habitants) et cinquième économie mondiale, l’Inde est un poids lourd incontournable et de plus en plus courtisé.
La France entend, de son côté, être un acteur de la zone Asie-Pacifique et une puissance d’équilibre entre le Nord et le Sud.
Mais en s’affichant au côté du Premier ministre indien, le président Macron se retrouve aussi montré du doigt par les organisations de défense des droits humains qui dénoncent les dérives autoritaires du régime indien et la répression des minorités religieuses, notamment des musulmans.
AFP