Le secrétaire général de l’Alliance Jens Stoltenberg s’est félicité mercredi que dix-huit pays de l’Otan sur 31 atteindront l’objectif de dépenses militaires en 2024. L’annonce fait écho aux récentes critiques formulées par Donald Trump sur le financement de l’Alliance.
Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg s’est félicité mercredi 14 février de la hausse des dépenses militaires des pays de l’Alliance, quelques jours après des critiques acerbes de Donald Trump sur les mauvais payeurs en Europe.
Réclamée de longue date par les États-Unis, cette augmentation a été rappelée la semaine dernière de façon tonitruante par l’ancien président américain et probable candidat républicain lors du scrutin de novembre.
« Nous ne devrions pas affaiblir la crédibilité de la dissuasion de l’Otan », a averti mercredi devant la presse Jens Stoltenberg, après avoir condamné dès le week-end des propos qui « sapent notre sécurité ».
« Nous ne devons laisser aucune place aux possibles mauvais calculs ou malentendus à Moscou concernant notre degré de préparation, notre engagement et notre détermination à protéger les Alliés », a-t-il asséné.
Le secrétaire général de l’organisation a aussi souligné les efforts consentis par les Alliés européens depuis dix ans.
Dix-huit pays de l’Otan sur 31 atteindront cette année l’objectif de 2 % du PIB en dépenses militaires, a-t-il déclaré lors d’une conférence avant une réunion des ministres de la Défense de l’Alliance à Bruxelles.
« C’est un autre chiffre record », a-t-il souligné, ajoutant que seuls trois pays avaient atteint cet objectif de 2 % en 2014. « Nous faisons de réels progrès, les Alliés européens dépensent plus », a-t-il insisté. Et ils étaient onze en 2023, selon une estimation publiée par l’Otan.
« Vous devez payer »
Cependant, a-t-il aussitôt souligné, « certains Alliés ont encore un long chemin à parcourir ».
L’Otan n’a pas divulgué la liste des pays ayant atteint l’objectif des 2 %, mais l’Allemagne a indiqué qu’elle en ferait partie cette année et la France l’année prochaine.
Les États-Unis n’en restent pas moins, et de loin, le premier contributeur au budget de l’Otan.
« Nous nous sommes mis d’accord lors du sommet (de Vilnius, en Lituanie) sur le fait que tous les Alliés devraient investir 2 % et que ce 2 % était un minimum », a rappelé Jens Stoltenberg.
L’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 a contribué à inciter les Européens à investir davantage dans leurs moyens de défense. Et depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine en 2022, le seuil des 2 % est devenu un plancher et non plus un plafond de dépenses.
Ce qui n’a pas empêché Donald Trump de s’en approprier le mérite. Ce dernier a ainsi affirmé qu’il avait rendu l’Alliance « forte » sous son mandat (2017-2021).
« Lorsque j’ai dit aux 20 pays qui ne payaient pas leur juste part qu’ils devaient payer, sans quoi ils ne bénéficieraient pas de la protection américaine, l’argent a coulé à flots », a-t-il affirmé. « Mais maintenant que je ne suis plus là pour dire ‘vous devez payer’, voilà qu’ils recommencent ! ».
Si ses attaques contre les mauvais payeurs au sein de l’Alliance ne datent pas d’hier, ses propos encourageant la Russie à attaquer l’un d’entre eux ont choqué.
« C’est un changement d’échelle, un alignement sur la Russie qui est dangereux », soulignait un diplomate de l’Otan.
Pour autant, ces propos montrent surtout la nécessité pour les Européens – 29 pays sur 31 au sein de l’Otan – à « prendre leur responsabilités en matière de défense », a ajouté ce diplomate.
Et cette responsabilité passe aussi par l’Ukraine, autre enjeu de cette réunion ministérielle.
Une réunion des pays soutenant l’effort de guerre ukrainien est prévue mercredi en marge de la réunion ministérielle, en l’absence du secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, et alors qu’une aide américaine de plus de 60 millions de dollars en faveur de Kiev est toujours bloquée au Congrès en raison d’un veto d’élus républicains trumpistes.
AFP