Alors que les agriculteurs ont repris leurs actions, à trois jours de l’ouverture d’un Salon de l’agriculteur sous haute tension, le Premier ministre Gabriel Attal a fait de nouvelles annonces, ce mercredi 21 février 2024. Il a exposé « le suivi et l’exécution » des mesures gouvernementales présentées début février.
À trois jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture, le Premier ministre Gabriel Attal a tenu ce mercredi 21 février 2024 une conférence de presse pour détailler les « principales orientations » d’un nouveau projet de loi agricole, alors que les agriculteurs ont repris leurs actions.
Accompagné de plusieurs ministres, Bruno Le Maire (Économie), Marc Fesneau (Agriculture), Christophe Béchu (Transition écologique), le chef du gouvernement a tenté de répondre à l’impatience des agriculteurs, un mois après le début de la grogne agricole.
« Ces dernières semaines, les agriculteurs nous ont demandé d’aller plus loin.
La souveraineté agricole est notre cap. On doit produire plus et protéger mieux. Il n’y a qu’une seule vision défendue, c’est celle-là », a-t-il lancé, d’entrée.
Depuis les premières mesures gouvernementales présentées le 1er février, des « aides ont été versées, des simplifications ont été faites », a ajouté Gabriel Attal.
« 100 % des chantiers ont été ouverts »
« Avec mon gouvernement, nous n’avons pas cessé d’agir pour être à la hauteur […]. Nous ne mentirons pas, a-t-il souligné. Je veux prouver aux agriculteurs qu’ils peuvent [nous] croire ».
Sur « les 62 engagements pris » début février, « 100 % des chantiers ont été ouverts », selon ses mots, évoquant un « électrochoc ». « Jamais autant d’avancées ont été mises en œuvre », a expliqué Gabriel Attal.
Placer l’agriculture « au rang des intérêts fondamentaux de la nation »
Le Premier ministre a dit vouloir placer l’agriculture « au rang des intérêts fondamentaux de la nation au même titre que notre sécurité ou notre défense nationale ». Pour lui, « c’est une reconnaissance attendue, c’est le rappel qu’il n’y a pas de pays sans paysans et de France sans agriculture ».
Il a ensuite indiqué qu’une proposition de loi sur les troubles de voisinage sera bientôt inscrite à l’ordre du jour du Parlement pour « protéger les agriculteurs contre les recours abusifs », visant une adoption à la mi-avril.
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« La meilleure reconnaissance que l’on puisse accorder aux agriculteurs, c’est évidemment de consommer leurs produits et j’assume de vouloir que nous consommions davantage Français », a-t-il assuré, évoquant son objectif « d’accélérer dans la restauration collective ».
Egalim : un nouveau projet de loi d’ici à l’été
Le chef du gouvernement a également annoncé qu’un nouveau projet de loi Egalim sera présenté d’ici à l’été au Parlement, alors qu’une mission parlementaire a été confiée aux députés Alexis Izard (Renaissance) et Anne-Laure Babault (MoDem), rapporte l’AFP.
L’objectif est de « renforcer le poids des agriculteurs dans les négociations Egalim et “rééquilibrer les choses” ». Sur ce point, il a évoqué trois enjeux : « La construction du prix, la pla ce des indicateurs de coût de production et les centrales d’achat européennes. »
« Nous agissons aussi au niveau européen pour mettre en place un dispositif Egalim au niveau de l’Union européenne », a-t-il précisé.
Gabriel Attal a également annoncé que « 99,61 % des aides de base de la PAC » ont déjà été versées aux agriculteurs, avec l’objectif de 100 % au 15 mars. « En 2015, à cette même époque, 0 % des versements avaient eu lieu et le versement avait été fait avec un an de retard », a-t-il expliqué.
Un « secteur en tension », une facilitation de la venue de saisonniers étrangers
Annonçant que la production agricole serait déclarée comme « secteur en tension » pendant le Salon de l’agriculture, Gabriel Attal a dit vouloir « faciliter grandement l’attribution de visas » pour faire venir des travailleurs saisonniers étrangers dans les fermes françaises.
Le Premier ministre a aussi annoncé que l’exonération de cotisations patronales sur « la quasi-totalité des emplois saisonniers agricoles » – le dispositif TO-DE – serait pérennisée et renforcée « dès l’année 2024 ».
« Je ne crois pas à la crise des vocations en agriculture. Mais il y a des obstacles, des freins. Beaucoup de jeunes ont envie de s’installer. Il faut les aider et faire sauter les verrous. Le projet de loi réaffirme l’importance de la transmission des exploitations. Nous allons lever les exonérations sur un certain nombre de taxes, agir sur le foncier… » a-t-il expliqué.
Réduction de l’usage des pesticides : abandon du Nodu
Sur la question des pesticides, le Premier ministre a annoncé que la France allait abandonner l’indicateur qu’elle utilise actuellement pour mesurer la réduction de l’usage des pesticides, le Nodu, défendu par les ONG environnementales mais contesté par le syndicat agricole majoritaire FNSEA et l’industrie des pesticides, rappelle l’AFP.
« Je vous annonce que l’indicateur de référence pour suivre notre objectif de réduction des produits phytosanitaires ne sera plus le Nodu franco-français mais bien l’indicateur européen.
C’est conforme à notre volonté d’éviter toute surtransposition. C’était la demande des agriculteurs », a-t-il déclaré. Il a également affirmé ne pas vouloir « renoncer à l’ambition de réduire de 50 % l’usage des pesticides d’ici 2030 ».
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