La communauté internationale affiche ses divisions sur Gaza et l’Ukraine au G20 de Rio

À l’ouverture de la réunion, mercredi, à Rio, des ministres des Affaires étrangères du G20, le Brésil a dénoncé le blocage du Conseil de sécurité de l’ONU face aux conflits en Ukraine et à Gaza. De leur côté, les États-Unis ont critiqué les propos polémiques du président brésilien Lula comparant la guerre à Gaza à la Shoah.

Les profondes divisions internationales sur les guerres en Ukraine et à Gaza se sont affichées, mercredi 21 février, au premier jour d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 au Brésil.

Ouvrant le rendez-vous, le ministre brésilien Mauro Vieira, dont le pays préside le groupe depuis décembre, a dénoncé le blocage du Conseil de sécurité de l’ONU face à ces deux conflits aux conséquences considérables.

« Les institutions multilatérales ne sont pas suffisamment équipées pour faire face aux défis actuels, comme l’a démontré l’inacceptable paralysie du Conseil de sécurité au sujet des conflits en cours. Cette inaction implique directement la perte de vies humaines », a-t-il déclaré lors de cette réunion organisée à Rio de Janeiro.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a été incapable de réagir face à l’invasion russe de l’Ukraine il y a deux ans, en raison du veto russe, et a peiné à parler d’une seule voix sur Gaza, Washington bloquant tout appel à un cessez-le-feu, comme encore mardi.

De leur côté, les États-Unis, premier soutien d’Israël, ont critiqué les propos polémiques du président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, comparant la guerre à Gaza à la Shoah. Lors d’une rencontre avec Lula mercredi matin à Brasilia, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, « a clairement fait part de notre désaccord sur ces propos », a dit un responsable du département d’État sous couvert d’anonymat.

Retrouvailles Blinken-Lavrov

« On ne pense pas forcément qu’aller dans une surenchère rhétorique aide aujourd’hui à aller vers la paix », a confié une source diplomatique française. La tempête provoquée par le chef d’État brésilien éclipse largement la réunion du G20.

Les membres du groupe sont aussi divisés sur la guerre en Ukraine, et Lula lui-même a estimé que les torts étaient partagés entre d’un côté la Russie et de l’autre l’Occident et Kiev.

Une affiche du G20 accueilli par le Brésil, le 15 février 2024 à Rio de Janeiro

Deux ans après le début du conflit, Antony Blinken a retrouvé le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, à la réunion de Rio.

Sergueï Lavrov, qui doit rencontrer Lula jeudi à Brasilia, selon une source de la présidence brésilienne, a de nouveau accusé l’Ukraine et ses alliés. « Ni Kiev ni l’Occident n’ont montré la volonté politique de résoudre le conflit », a-t-il dit dans le quotidien brésilien O Globo.

« Que le multilatéralisme fonctionne »

Dans un contexte aussi lourd, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a cependant souligné l’importance d’une enceinte comme le G20 : « Nous avons besoin de montrer que le multilatéralisme fonctionne en temps de crise », a-t-il écrit sur X.

La réunion des ministres du G20, qui se tient au bord de la sublime baie de Rio, abordera jeudi matin une « réforme de la gouvernance globale ». Le sujet est cher au Brésil, qui veut donner plus de poids aux pays du Sud dans des institutions comme l’ONU, le FMI et la Banque mondiale.

Les deux autres priorités de la présidence brésilienne du G20 sont la lutte contre la faim et le réchauffement climatique.

Réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à Rio de Janeiro, le 21 février 2024 au Brésil

Parallèlement, le ballet des rendez-vous bilatéraux bat son plein.

Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a rencontré son homologue brésilien, qui s’est entretenu notamment avec le ministre russe. Leur dernière entrevue remonte à mars 2023, à l’occasion d’une réunion du G20 en Inde.

Fondé en 1999, le G20 rassemble la plupart des principales économies mondiales, ainsi que l’Union européenne et l’Union africaine. Sa vocation était dans un premier temps surtout économique, mais il s’est de plus en plus saisi des sujets brûlants de l’actualité mondiale.

AFP

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