Alors que ses employés sont en grève pour un quatrième jour consécutif, l’état de santé de la Tour Eiffel inquiète. Des experts pointent du doigt un état de rouille avancée et un entretien insuffisant du monument.
Joyau de la capitale, symbole de la France à l’étranger, la Tour Eiffel focalise l’attention ces derniers jours.
Alors que les employés de la Société d’exploitation de la Tour Eiffel (SETE) ont reconduit leur grève pour une quatrième journée jeudi 22 février, certains tirent la sonnette d’alarme sur l’état de la « dame de fer », qu’ils jugent délabré.
En 2022 déjà, le journal Marianne alertait sur un manque criant d’entretien de l’édifice.
« Dans l’urgence, à certains endroits, une simple couche de peinture est juste badigeonnée sur les couches existantes, qui s’écaillent et ne tiennent pas, c’est une hérésie », s’affolait un spécialiste. « La peinture est l’élément essentiel de conservation d’un ouvrage métallique et les soins qui y sont apportés sont la seule garantie de sa durée », recommandait pourtant Gustave Eiffel.
« Ce qui est le plus important est de s’opposer à un commencement de rouille », insistait l’ingénieur. Il préconisait un nouveau coup de peinture « tous les sept ans » : « Là, on a 14 ans de retard », souligne Denis Vavassori, représentant de la CGT Tour Eiffel, contacté par la Dépêche.
« On lui enlève des années de vie »
Sur les réseaux sociaux, des photos ont circulé montrant un état de rouille avancé à certains endroits de l’édifice. « On est sur une structure qui est attaquée par la rouille et c’est visible, souligne le délégué syndical. Nous sommes très inquiets. Ça ne risque pas de s’effondrer du jour au lendemain, certes.
Mais il faut savoir que quand la rouille attaque le fer, les dégâts sont irréversibles. Même si on décape et on repeint après, le métal aura perdu de sa qualité.
C’est ce que l’on risque sans une intervention urgente. On est en train de lui (la Tour, NDLR) enlever des années de vie. »
Gustave Eiffel a laissé UNE instruction essentielle pour que sa tour soit bien entretenue et traverse le temps : la repeindre tous les 7 ans. Et bien la mairie actuelle n’a pas jugé bon d’écouter ce conseil. Résultat, la Tour est probablement corrodée. 🤯 https://t.co/FPS1rsTjp2 pic.twitter.com/UTxtFjJzTi
— Baptiste Gianeselli (@BGianeselli) February 19, 2024
La gestion économique au cœur de la grogne
La gestion économique de la Tour Eiffel est au cœur du mouvement de grève des syndicats. En six ans, la redevance que la Sete doit verser à la mairie de Paris est passée de 8 à 50 millions d’euros pour 2024. Un choix justifié par la hausse du nombre de visiteurs prévue pendant les JO.
« L’objectif, c’est de mener à terme une campagne de peinture et de la faire correctement.
Malheureusement, si la mairie de Paris prend une redevance de 50 millions chaque année, nous n’aurons plus la capacité de le faire », regrette de son côté Denis Vavassori. Selon lui, la peinture n’est pas le seul élément de la dame de fer qui a besoin de soins. « Les ascenseurs également. Le scintillement [qui illumine la Tour, NDLR] qui aurait dû être changé en 2013 n’a pas été refait depuis 20 ans. Là, vu l’explosion du budget pour la campagne de peinture, ça a été retiré de la campagne de rénovation.
Donc on va avoir de plus en plus de guirlandes qui ne vont plus fonctionner. »
Jamais Paris ne manquera à son devoir de soutien de la Tour Eiffel.
Ce joyau est en très bon état et nous continuons d’investir pour le rénover.
Je fais confiance à la Société d’exploitation pour sortir de cette situation par le dialogue social. pic.twitter.com/LoUr3sQRvf
— Emmanuel Grégoire (@egregoire) February 21, 2024
Un constat loin de la réalité pour la municipalité. « On entend tout et n’importe quoi, le monument est en très bon état », a répondu Emmanuel Grégoire, le premier adjoint à la mairie de Paris, sur franceinfo. « C’est un monument qui est en perpétuelle rénovation », a poursuivi l’élu, reconnaissant néanmoins que le site, « visité tous les jours », n’est « pas simple à rénover ».
ladepeche