Déjà favori pour prendre la tête de l’Otan, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte vient d’emporter jeudi le soutien de trois puissances majeures, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Il succéderait à Jens Stoltenberg à un poste crucial, en pleine guerre en Ukraine. L’Alliance place en lui ses espoirs pour tenir tête à Donald Trump, dans l’éventualité de sa réélection.
Parmi les figures envisagées pour prendre la tête de l’Otan, son nom circulait déjà depuis des mois. Mark Rutte, le Premier ministre néerlandais, vient d’emporter jeudi 22 février le soutien des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Allemagne, trois des plus importants pays de l’Alliance de l’Atlantique nord. Il succéderait à Jens Stoltenberg.
Faute d’accord entre Alliés sur une nouvelle personnalité, l’actuel secrétaire général avait été reconduit à son poste l’été dernier pour un an de plus.
Le Norvégien aura alors dirigé cette organisation pendant dix années, marquées par des tensions toujours plus vives avec la Russie.
Le chef du gouvernement néerlandais démissionnaire, qui assure les affaires courantes, dispose désormais de l’appui public de trois membres de l’Alliance atlantique, à commencer par la première puissance diplomatique et militaire de l’Otan, les États-Unis.
Washington a fait « clairement savoir » à ses alliés que le Premier ministre néerlandais ferait « un excellent secrétaire général », a affirmé jeudi un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby. Si les Américains ont généralement le dernier mot sur ce choix, le poste revient à un Européen.
Premier ministre libéral
« Nous voulons un candidat solide », a déclaré plus tôt un porte-parole du Premier ministre britannique Rishi Sunak, disant soutenir « fortement » la candidature du dirigeant néerlandais.
« Rutte est très respecté au sein de l’Alliance, il a de sérieuses références en matière de défense et de sécurité et il veillera à ce que l’Alliance reste forte et prête à assurer défense et dissuasion », a-t-il expliqué, saluant le « leadership » de Jens Stoltenberg pendant neuf ans.
Le chancelier allemand Olaf Scholz « soutient une nomination de Mark Rutte au poste de secrétaire général de l’Otan », a aussi annoncé quelques heures plus tard son porte-parole Steffen Hebestreit.
« Avec son immense expérience, sa grande expertise en matière de politique de sécurité et son sens aigu de la diplomatie, il est un candidat exceptionnel », a-t-il écrit sur le réseau social X.
Mais certains des 31 États membres de l’Alliance considèrent que le temps est venu pour une femme de diriger pour la première fois l’Otan. La Première ministre estonienne Kaja Kallas avait fait part de son intérêt, mais le nom de Mark Rutte semble désormais se détacher.
Premier ministre libéral depuis 2010, il a annoncé son intention de quitter la scène politique néerlandaise mais il reste en poste en attendant la formation d’un nouveau gouvernement. Les négociations patinent depuis les élections de novembre remportées par l’extrême-droite.
Tenu tête à Trump
Habitué des rendez-vous européens, Mark Rutte, 57 ans, a su nouer des relations avec nombre de dirigeants.
Autre point fort, il a fréquenté l’ancien président américain Donald Trump, dont le retour éventuel après l’élection de novembre hante les couloirs de l’Alliance à Bruxelles.
Mark Rutte n’avait pas hésité à aller jusqu’à le contredire publiquement pendant une visite à la Maison Blanche.
L’un des critères évoqués à l’Otan est aussi celui d’un engagement suffisant en matière de défense, dans le pays d’origine des candidats.
Les États membres se sont engagés à y consacrer 2 % de leur Produit intérieur brut (PIB), un objectif dont les Pays-Bas sont très proches, grâce notamment à l’action de Mark Rutte.
Il sera essentiel, avancent des diplomates de l’Otan, d’apparaître engagés sur ce sujet en cas de retour de Donald Trump. Ce dernier avait plusieurs fois sommé les Alliés d’augmenter leurs dépenses de défense, sous peine de voir les États-Unis réduire les leurs, voire quitter l’Alliance.
L’an dernier, celui qui était alors ministre britannique de la Défense, Ben Wallace – qui a depuis démissionné – avait fait part de sa candidature pour diriger l’Otan, mais il avait échoué à obtenir l’aval américain et le Norvégien Jens Stoltenberg avait été reconduit.
AFP