Argentine: la croisade de Javier Milei contre le «marxisme culturel»

En Argentine, le nouveau président Javier Milei a engagé une croisade contre ce qu’il appelle le « marxisme culturel ». Le président ultralibéral argentin se voit comme le fer de lance d’une bataille culturelle contre le féminisme, l’écologisme et l’anti-racisme, qui menacent selon lui les valeurs occidentales.

Dans le cadre de cette bataille culturelle, le président argentin a annoncé cette semaine la fermeture de l’Institut national contre les discriminations, la xénophobie et le racisme en Argentine, l’Inadi. Selon Javier Milei, l’Inadi, c’est l’acronyme de cet organisme, est inutile et s’était transformé en un organe de persécution politique au service des tenants de la « pensée unique ».

Pour Javier Milei, cette pensée unique est portée par des organisations comme le forum de São Paolo, qui réunit les partis politiques de gauches latino-américains ou encore par les Nations unies au travers de l’Agenda 2030, qui pose des objectifs de développement en matière de réduction de la pauvreté, d’égalité entre les sexes ou encore de lutte contre le changement climatique.

Le président argentin pense que ces valeurs sont à l’origine de la décadence de son pays et de l’Occident, et entend les combattre au nom du libéralisme et du capitalisme, qui sont selon lui des idéologies « moralement supérieures ».

C’est ce qu’il a expliqué au forum économique de Davos en janvier, et c’est ce qu’il a répété encore hier, samedi, à Washington lors de la CPAC, la Convention des conservateurs américains à Washington, à laquelle il assiste. L’ex-président américain a d’ailleurs échangé une longue accolade avec Javier Milei lors de cette convention.

Une « bataille culturelle » qui le pousse aussi à s’attaquer à des figures de la culture populaire

La semaine dernière le président argentin s’en est pris à Lali Esposito, une actrice et chanteuse de 32 ans très populaire en Amérique latine en l’accusant « d’affamer des enfants » à cause de ses concerts subventionnés pas des fonds publics.

Ces attaques contre l’artiste connue pour ses positions féministes et progressistes ont provoqué une levée de bouclier en Argentine, preuve selon Javier Milei que les socialistes ont infiltré le monde de la culture, des médias et des universités, et que la bataille culturelle est plus nécessaire que jamais.

Cet acharnement contre Lali Esposito n’est pas sans rappeler celui dirigé contre la chanteuse américaine Taylor Swift par Donald Trump. Les fans argentines de la chanteuse américaine avaient profité de sa venue à Buenos Aires pour des concerts en novembre dernier, pour faire rappeler les prises de position ultralibérales de Javier Milei. 

Un risque politique calculé ?

S’il prend des risques, ce sont des risques calculés, car avec ces polémiques, le président argentin occupe l’espace médiatique, et évite qu’on parle d’autre chose, comme par exemple des prix qui ont bondi de 50 % en deux mois ou des 3 millions et demi d’Argentins qui sont tombés dans la pauvreté depuis son élection.

Lorsque ce chiffre, qui est une estimation de l’Université catholique argentine, est sorti la semaine dernière, tout le monde ne parlait que des attaques de Javier Milei contre Lali Esposito. Pour Javier Milei, cette polémique, tout comme celle provoquée par la fermeture de l’Institut national contre les discriminations, fonctionnent aussi des contre-feux pour détourner l’attention médiatique d’une situation sociale de plus en plus critique.

rfi

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