Grèves en Corée du Sud : le gouvernement offre de négocier avec les médecins

Le gouvernement sud-coréen a indiqué jeudi chercher à ouvrir des négociations avec les jeunes médecins en grève qui paralysent le système de santé du pays, les exhortant à revenir au travail pour ne pas risquer de poursuites.

Près de 10.000 internes en médecine, soit 80% des effectifs, ont débrayé depuis la semaine dernière pour protester contre une réforme ouvrant plus largement l’admission dans les facultés de médecine.

Le gouvernement leur a donné jusqu’à ce jeudi pour reprendre le travail, faute de quoi ils risquent des arrestations ou de perdre leur licence.

« J’ai envoyé un message demandant une rencontre (aux représentants des médecins) (…) Je dois me rendre sur place aujourd’hui pour voir combien de personnes seront présentes », a déclaré le deuxième vice-ministre de la Santé, Park Min-soo, lors d’un point de presse.

Les jeunes médecins rejettent le plan du gouvernement qui prévoit d’augmenter considérablement les admissions dans les écoles de médecine. Les autorités entendent ainsi faire face aux pénuries de personnel de santé et au vieillissement de la population.

Les internes affirment que ce plan nuirait à la qualité du service, et une association de médecins sud-coréens (KMA) a accusé mercredi le gouvernement d' »intimidations ».

Selon M. Park, des médecins ont commencé à retourner travailler dans les hôpitaux jeudi. « Nous avons observé une diminution du mouvement de grève depuis deux jours consécutifs », a-t-il déclaré. Mais le ministre de la Santé Cho Kyoo-hong a indiqué jeudi aux médias locaux qu' »un retour massif (des jeunes médecins) ne s’est pas encore concrétisé ».

« Je les implore de le faire pour les patients », a-t-il déclaré.

Une ambulance garée devant l'hôpital St Mary de l'Université catholique de Corée, le 29 février 2024 à Séoul (AFP - Anthony WALLACE)

M. Cho a souligné que le gouvernement était déterminé à mettre en œuvre son plan de réforme, qui augmenterait les admissions dans les écoles de médecine de 65%.

L’organisation de médecins KMA n’a pas commenté l’offre de négociations, mais un groupe de jeunes médecins sur un réseau social a partagé la capture d’écran d’un message du gouvernement avec la réponse : « Vous devez plaisanter ».

– « L’impasse va se poursuivre » –

Les analystes estiment que la ligne dure du gouvernement pourrait lui être favorable dans la perspective des prochaines élections.

L'entrée du service des urgences de l'hôpital St Mary de l'Université catholique de Corée, le 29 février 2024 à Séoul (AFP - Anthony WALLACE)

« Si le gouvernement devait faire marche arrière maintenant, cela serait perçu comme un revers majeur avant les élections législatives du 10 avril », a indiqué à l’AFP Kim Jae-heon, responsable d’une ONG en faveur de la gratuité des soins médicaux.

Mais les médecins « pensent que reculer à ce stade serait en leur défaveur. Il semble que l’impasse actuelle va se poursuivre pendant un certain temps ».

Les partisans de la réforme estiment que les médecins sont surtout préoccupés par le fait que les changements pourraient dégrader leurs salaires et leur statut social.

Séoul affirme avoir l’un des ratios médecins-patients les plus faibles parmi les pays développés, et le gouvernement insiste pour admettre 2.000 étudiants supplémentaires dans les écoles de médecine chaque année, à partir de l’an prochain.

Près de 75% de la population est en faveur des réformes, selon des sondages, et la ligne dure adoptée par le président Yoon Suk Yeol dans cette crise lui a permis de voir sa cote de popularité augmenter.

Mais Kim Sung-ju, président du Conseil coréen pour les droits des patients atteints de cancer, estime que la vie des patients est « prise en otage ».

« C’est incroyable (que les médecins) utilisent la vie des patients comme levier pour promouvoir leurs propres intérêts », a-t-il déclaré à l’AFP.

Le débrayage massif a entraîné des annulations et des reports d’opérations chirurgicales pour les patients atteints de cancer et de césariennes pour les femmes enceintes.

Pour Kim Tae-hyeon, responsable d’une association de patients de maladie neurodégénérative, les internes en grève sont « pires que des criminels ». « Dans les services de soins palliatifs et les unités de soins intensifs les patients luttent pour rester en vie ».

afp

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