Ce qui était dans l’air est désormais officiel. En effet, le Conseil d’administration du Fonds africain de développement a approuvé, le 28 février 2024 à Abidjan, la capitale ivoirienne, un don de 46,02 millions de dollars à l’Éthiopie pour la mise en œuvre de la phase 2 du Programme d’aménagement hydraulique résilient pour l’amélioration des moyens de subsistance à Borana, dans le sud du pays, a-t-on appris d’un communiqué de la Banque africaine de développement (BAD) reçu à VivAfrik.
Selon le document officiel, le soutien financier du guichet de prêts à taux concessionnels du Groupe de la Banque africaine de développement vise à améliorer l’accès des communautés pastorales des terres arides de la zone de Borana, dans la région d’Oromia, à des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement intégrés, durables, intelligents face au climat et tenant compte de la dimension de genre.
La population de Borana, estimée à 1,2 million de personnes, dont la moitié sont des femmes, croît rapidement et devrait atteindre 1,8 million d’ici à 2030.
Les habitants dépendent, pour la plupart, du pastoralisme pour leur subsistance, et sont donc soumis aux variations de niveau des précipitations et aux sécheresses récurrentes qui entraînent une insécurité hydrique. En mars 2023, plus de 3,3 millions de têtes de bétail sont mortes à cause de la pénurie d’eau dans la région, privant plus de 67 000 ménages de leurs moyens de subsistance.
Les effets du climat sur les pâturages et la disponibilité de l’eau ont également tendance à exacerber les tensions liées aux ressources foncières et hydriques.
De l’avis de Beth Dunford, vice-présidente du Groupe de la Banque africaine de développement, chargée de l’Agriculture et du Développement humain et social, « il s’agit d’un programme de consolidation de la paix dans un environnement où les phénomènes extrêmes du changement climatique se manifestent de plus en plus, où des millions de têtes de bétail sont perdues et où les conflits se multiplient entre les éleveurs en raison de la limitation des pâturages et de l’approvisionnement en eau ».
Le don du Fonds africain de développement sera principalement utilisé pour construire et optimiser les systèmes de production et de transport d’eau sur plus de 85 kilomètres.
Il servira également à construire neuf réservoirs, des réseaux de distribution (142,6 km) et des raccordements pour donner accès à l’eau potable à 36 000 nouveaux usagers.
De plus, 99 abreuvoirs seront installés pour près de 109 000 têtes de bétail. Le programme contribuera également à financer des acquisitions immobilières et des travaux et services associés (y compris la supervision de la construction) visant à réduire les risques climatiques associés à la fourniture de services polyvalents d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement.
Il renforcera également les systèmes de gestion « WASH » au niveau communautaire afin de soutenir l’exploitation et la maintenance des installations mises en place.
Pour sa part, le directeur du développement de l’eau et de l’assainissement du Groupe de la Banque africaine de développement, Osward Chanda, a précisé que « ce programme répond au défi critique de l’augmentation de la demande en eau dans la région de Borana et vise à atténuer les effets de la sécheresse, en soutenant des solutions telles que le développement d’infrastructures hydrauliques clés, le renforcement des capacités institutionnelles et l’amélioration de la prestation de services pour un approvisionnement en eau durable et résilient face au climat ».
Outre la modernisation des installations sanitaires dans les écoles et les centres de santé, le programme financera la construction d’installations sanitaires publiques et organisera des campagnes de sensibilisation à l’hygiène.
Il fournira également un renforcement des capacités et une assistance technique en matière de régulation des services d’eau au niveau de la région et des woreda (districts). Pour financer l’entretien des systèmes d’approvisionnement ruraux, le programme apportera son soutien à un service public de distribution d’eau en milieu rural qui, en concertation avec les utilisateurs, élaborera des tarifs applicables pour l’exploitation et l’entretien des nouvelles installations.
Enfin, le programme prévoit de renforcer les cadres de gestion des bassins versants résilients au changement climatique et de mettre en œuvre des mesures d’adaptation pratiques pour les écosystèmes, les paysages et les moyens de subsistance résistants et durables, ainsi que des systèmes de gestion de l’eau plus intelligents.
Les communautés rurales et périurbaines de la région de Borana, qui sont principalement composées d’éleveurs et de ménages à faible revenu, en particulier des femmes et des jeunes, sont les bénéficiaires du programme.
On estime que 35 816 personnes, dont la moitié sont des femmes, bénéficieront d’un accès aux services d’approvisionnement en eau. Quelque 21 000 personnes, dont au moins la moitié sont également des femmes, bénéficieront d’un meilleur accès aux services d’assainissement de base, a conclu le document officiel.
VivAfrik