Accusé d’agressions sexuelles, le cinéaste Roman Polanski jugé en France pour « diffamation »
Le réalisateur avait qualifié d' »odieux mensonge » les accusations de l’actrice Charlotte Lewis. L’actrice a déclaré en 2010 que le cinéaste l’avait agressée sexuellement en 1983.
Le cinéaste Roman Polanski sera jugé pour diffamation ce mardi 5 mars dans l’après-midi à Paris, après avoir qualifié d' »odieux mensonge » les accusations d’agression sexuelle lancées contre lui par l’actrice britannique Charlotte Lewis. L’audience s’ouvrira à 13h30 devant la 17e chambre du tribunal correctionnel.
Le réalisateur franco-polonais de 90 ans, qui habite à Paris, ne s’y présentera pas, ont fait savoir ses avocats qui le représenteront. Charlotte Lewis, 56 ans et domiciliée au Royaume-Uni, sera quant à elle présente.
Une dizaine d’accusations
Roman Polanski, qui a gagné trois Oscars et une Palme d’Or, a été accusé d’agressions sexuelles et viols par une dizaine de femmes au fil de sa carrière; des accusations pour des faits tous prescrits, qu’il a toujours contestés et qui ne l’ont pas empêché de travailler.
Il est notamment considéré comme un fugitif aux États-Unis, depuis plus de quarante ans après une condamnation pour des « relations sexuelles illégales » avec une mineure de 13 ans, Samantha Gailey (devenue Geimer).
Deux versions qui s’affrontent
En mai 2010, en plein festival de Cannes, Charlotte Lewis avait accusé Roman Polanski de l’avoir « agressée sexuellement » chez lui, à Paris en 1983, alors qu’elle avait 16 ans. L’actrice, qui a joué sous sa direction dans Pirates, sorti trois ans plus tard, n’avait pas porté plainte mais témoigné auprès de la police américaine.
Elle avait expliqué à l’époque avoir voulu partager son expérience pour contrer la défense de Roman Polanski qui prétendait selon elle que l’affaire Samantha Gailey était un cas isolé. Neuf ans plus tard, en décembre 2019, Roman Polanski avait qualifié ces accusations de « mensonge odieux », dans un entretien à Paris Match.
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« Voyez-vous, la première qualité d’un bon menteur c’est une excellente mémoire. On mentionne toujours Charlotte Lewis dans la liste de mes accusatrices sans jamais relever (ses) contradictions », avait déclaré le réalisateur.
En plein #MeToo français
Roman Polanski évoquait alors des propos attribués à l’actrice dans un entretien publié vingt ans plus tôt, en 1999, par le tabloïd britannique News of the World: « Je voulais être sa maîtresse (…). Je le désirais probablement plus que lui ne le voulait », était-il écrit dans cet article.
Une citation « pas exacte », avait dénoncé dès 2010 Charlotte Lewis.
La défense de Roman Polanski a fait citer à l’audience l’ex-journaliste auteur de l’article. Ce procès en diffamation intervient alors que le monde du cinéma est secoué par l’affaire Judith Godrèche, qui a porté plainte pour viols sur mineure contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon.
B.P