Depuis le 7 octobre, le gouvernement israélien a cessé de délivrer des visas pour le personnel étranger des ONG qui travaillent en Cisjordanie occupée. En presque cinq mois, deux tiers des travailleurs humanitaires étrangers n’ont déjà plus de visa et pour les autres, leurs visas sont sur le point d’expirer.
Une situation extrêmement compliquée au moment où le soutien humanitaire est plus que jamais nécessaire dans la région avec la guerre.
Les travailleurs humanitaires étrangers qui n’ont plus de visa doivent partir ou rester illégaux sur le territoire, pour assurer leur travail. Le visa de ce travailleur humanitaire – qui préfère conserver l’anonymat – a expiré fin 2023. Comme toute la profession, et grâce à une procédure mise en place au début de la guerre par Israël, il a eu une extension automatique jusqu’au 8 février. Mais depuis cette date, plus rien.
« Et depuis, je suis devenu illégal.
C’est-à-dire que je suis dans une situation compliquée qui affecte à la fois ma présence sur le territoire et mes capacités d’opérations pour mon travail. Car je ne peux plus me déplacer librement en Cisjordanie, je ne peux pas aller à Jérusalem, je ne peux plus traverser de checkpoints », explique-t-il.
Comme lui, ils sont près d’une centaine, sans visa renouvelé, et tous travaillent sur l’aide humanitaire à la population palestinienne.
Sans visas, tous les travailleurs humanitaires étrangers devront partir au début de l’automne
Les autorités israéliennes disent aux ONG internationales que cela vient d’une réorganisation du processus de délivrance des visas, et que les services sont débordés depuis le 7 octobre. Mais cette fois, le renouvellement automatique n’a pas eu lieu.
Et si Israël ne recommence pas à délivrer des visas, tous les travailleurs humanitaires étrangers devront partir au début de l’automne, date à laquelle les derniers visas délivrés en 2023 expireront. Les travailleurs humanitaires de l’ONU sont également touchés par ces restrictions des visas, le personnel n’ayant accès qu’à court terme à Israël et à Gaza.
Firas Arouri est le coordinateur de l’Association des agences internationales de développement (Aida) à Ramallah : « Nous avons des cas où ce sont les postes de directeur-pays des ONG ou d’autres cadres supérieurs qui n’ont pas été renouvelés. Et parfois, nous parlons de petites organisations qui ne peuvent pas se permettre de perdre leurs employés clés, surtout en ce moment. »
Le secteur humanitaire particulièrement visé par ces restrictions d’accès
Une situation complexe pour tous et un résultat sans appel, dénonce Firas Arouri : « Le secteur humanitaire se voit pratiquement expulsé de Cisjordanie. » « Nous voyons cette mesure comme intrinsèque aux restrictions d’accès généralisés des ONG, que ça soit en Cisjordanie ou à Gaza.
Les expatriés d’autres secteurs ont eu leurs visas étendus, c’est donc que le secteur humanitaire est visé et c’est une décision politique », estime le coordinateur de l’Aida.
Les instances diplomatiques ont toutes été alertées, précise Firas Arouri, avant d’en appeler à des actions et une prise de position de la part de la communauté internationale. Contacté, le ministère israélien de l’Intérieur n’a pas répondu aux demandes de commentaires.
rfi