Alors que démarre le ramadan, les communautés musulmanes se préparent à ce mois de prière, de jeûne et de partage, tout en faisant face à des préoccupations économiques et budgétaires. Tour d’horizon dans trois pays d’Afrique.
En Côte d’Ivoire, le jeûne débute ce lundi pour la communauté musulmane. À Abidjan, plusieurs fidèles se cotisent pour préparer la rupture du jeûne en groupe : l’idée est de partager les mets ensemble, autour d’un moment convivial mais aussi financièrement. Une initiative dans laquelle Issiaka Salif, un habitant de Cocody, s’implique depuis plusieurs années.
« On paye tous ensemble pour faire à manger pour au moins 32 personnes.
Pour le ramadan on cotise 5000 francs CFA, on paye les jus, le bissap, le sucre… On paye suffisamment pour partager entre nous. Dans une semaine encore, on cotise au moins 2000 FCFA pour payer la nourriture, pour manger ensemble, pour faire tout ensemble. Celui qui n’a pas suffisamment de moyens, si on lui paye un peu, on peut lui donner. Ca nous permet de manger, boire et prier ensemble », raconte Issiaka Salif, au micro de notre correspondante, Bineta Diagne.
En Guinée, baisse des prix à l’aube du ramadan
En Guinée, comme dans toute la sous-région, le niveau des prix des denrées de base inquiète, alors que commence le ramadan mardi. À Conakry, les responsables de l’Union des consommateurs et de la chambre de commerce se sont réunis dimanche 10 mars, et ont décidé d’une baisse des prix, notamment sur le sucre et le poulet.
Ousmane Keita est président de l’Union des consommateurs de Guinée, il se félicite de ces décisions et appelle les commerçants à respecter les prix fixés.
« On a eu effectivement vent d’espoir pour dire qu’on pourra rentrer dans ce mois de ramadan avec des prix qui sont relativement accessibles. À l’approche de chaque mois de carême, que ce soit le carême chrétien ou le ramadan, nous sommes tous inquiets que les prix soient totalement inaccessibles pour nos consommateurs.
Il se trouve que sur la Guinée, il y a eu une première concertation entre les parties prenantes, avec des prix plafond concernant les riz et les denrées de première nécessité ont été proposés », indique-t-il au micro de Guillaume Thibault.
« Partons déjà sur le sucre.
Le sac de 50 kilos, vous revient à 400 000 francs guinéens au lieu de 440 000. Prenons du poulet : pour le carton de 10 kilos, il était à 245 000 francs, et il est revenu à 230 000 », détaille-t-il.
Fixer des prix, c’est une bonne chose, mais faire en sorte que ces prix-là soient respectés sur le terrain, ça c’est un autre combat que nous allons mener avec les autorités.
Grands festins pour les nouveaux mariés aux Comores
Aux Comores aussi, l’effervescence du ramadan commence à se faire ressentir, rapporte notre correspondant à Moroni, Abdallah Mzembaba. Ce mois de pratique accrue de la religion et de joie de partage sera aussi pour les nouveaux mariés l’occasion de célébrer leur union dans un tourbillon de traditions.
Car dans le pays, la coutume veut que les nouveaux époux invitent chaque soir durant tout le ramadan, leurs amis et leurs proches à partager le repas de rupture du jeûne, communément appelé Iftar. Une tradition qui perdure, malgré les difficultés économiques.
À Memboidjou à une quarantaine de kilomètres de Moroni, aux premières lueurs du jour, tandis que la ville s’éveille encore, Fatoumia se presse déjà vers le marché.
Son panier à la main, elle sillonne les allées, à la recherche des trésors culinaires qui composeront le festin du soir. Chaque ingrédient est sélectionné avec soin. Car ce n’est pas qu’un simple repas, mais l’honneur de son foyer et de son mari qui sont en jeu.
Djouhoud explique cette pratique.
« Dans un premier temps, il y a les proches, mes beaux-frères, mes frères, mes neveux que j’invite pour rompre le jeûne avec eux. Puis, il y a un moment où c’est beaucoup plus ouvert et où j’invite des gens du village, des aînés, des amis pour qu’ils viennent voir mon foyer », rapporte-t-il.
Djouhoud souligne également le défi financier de ce repas.
Avec une trentaine d’invités, le budget journalier atteint facilement les 500 euros, voire plus. Un budget conséquent pour le Comorien moyen.
Au-delà de l’aspect culturel et traditionnel, il y a aussi la religion qui est bien présente derrière cette pratique.
« Il y a la religion. Mais si durant le ramadan tu invites tes proches, tu as des récompenses pour ces bonnes actions. C’est un mois béni et on se débrouille pour avoir des « hassanates », car il n’y a pas que la prière. Préparer à manger et inviter des gens pour venir manger est tout aussi bénéfique ». C’est donc avec impatience que Fatoumia et Djouhoud s’apprêtent à vivre ce mois de ramadan.
rfi