Partis de Tobrouk, dans l’est de la Libye, 91 exilés ont débarqué mercredi sur l’île de Gavdos, au sud de la Crète. Depuis le début de l’année près de 1 000 personnes sont arrivées sur ce territoire où rien n’est prévu pour les accueillir.
C’est une île grecque peu concernée d’ordinaire par les arrivées de migrants. Située au sud de la Crète, l’îlot de Gavdos a accueilli mercredi 12 mars à l’aube 91 exilés partis de Tobrouk, à l’est de la Libye. Vingt-huit personnes ont été transférées dans un centre d’accueil en Crète, à environ 55 km de Gavdos, et 63 autres resteront dans un camp municipal provisoire de l’île, selon un communiqué des garde-côtes.
Aucun détail n’a été fourni pour l’instant sur l’origine des migrants de la part des autorités, mais le site grec Cretalive évoque des exilés originaires du Bangladesh et d’Égypte.
La police a également annoncé avoir arrêté un jeune de 23 ans soupçonné d’être le passeur.
Ces 91 personnes s’ajoutent aux 280 arrivés le week-end dernier, selon des médias locaux.
D’une superficie de 30 km2 et ne comptant que 50 habitants, cet îlot connaît ces derniers mois une hausse importante du nombre des arrivées de migrants en provenance surtout de Tobrouk en Libye, à 300 km de là.
Le 20 janvier notamment, 149 personnes au total ont été secourues au large de Gavdos. Un navire marchand danois, le Maersk Brownsville, a aidé à localiser les migrants et à les récupérer, les ramenant au port de Kali Limeni. Les passagers étaient partis de Tobrouk en direction de la Crète, et avaient payé entre 1 000 et 3 500 euros pour la traversée.
Une semaine auparavant, 117 migrants avaient débarqué au même endroit.
Depuis le début de l’année, un millier de demandeurs d’asile sont arrivés à Gavdos, dont de nombreux mineurs non accompagnés, selon le ministère grec des Migrations.
Bâtiments vides et taverne
La petite île ne dispose en revanche d’aucune infrastructure d’accueil. Le 28 janvier, un bateau transportant 74 migrants, dont 20 enfants, a débarqué sur la plage de Trypiti, au sud de l’île.
Mais en raison d’une violente tempête, aucun ferry n’assurait la liaison entre Gavdos et la Crète. Les migrants ont donc dû rester cinq jours à Gavdos, où rien n’est prévu pour les héberger. Des bâtiments vides ont été réquisitionnés par les autorités, et la seule taverne de l’île leur a fourni de quoi se nourrir, indique le site d’informations suisse Watson.
Les autorités de Gavdos ont récemment tiré la sonnette d’alarme quant au manque de moyens adéquats sur ce petit territoire pour aider les migrants, dont la majeure partie sont des ressortissants de pays africains.
« Nous sommes sous la pression de flux migratoires au sud de la Crète » et « la capacité des centres pour les mineurs non accompagnés a atteint ses limites », a récemment reconnu Sofia Voultepsi, secrétaire d’État au ministère des Migrations, soulignant que Gavdos et la Crète étaient actuellement une destination pour les migrants qui traversent, au péril de leur vie, la Méditerranée.
Bien que la plupart des départs se fassent dans l’ouest de la Libye, de nombreuses embarcations chargées d’exilés s’opèrent aussi à l’est, région non reconnue par l’ONU et contrôlée par le maréchal Haftar.
La plupart de ces bateaux ont pour destination le sud de l’Italie, à des milliers de kilomètres de là. Sur cette voie moins empruntée, et moins surveillée que la Méditerranée centrale, les dangers sont nombreux. Le bateau qui a sombré au large de Pylos, le 14 juin dernier, avec à son bord près de 750 personnes était parti quelques jours plus tôt de Tobrouk.
Ce bateau de pêche vétuste était tombé en panne près du Péloponnèse, et avait coulé en 15 minutes. Seules 104 passagers ont pu être secourus.
infomigrants