Les pourparlers en vue d’une trêve sont relancés alors que la famine fond sur les Gazaouis et que l’offensive sur Rafah se précise.
Les pourparlers en vue d’une trêve entre Israël et le Hamas assortie de la libération d’otages israéliens et des prisonniers palestiniens donnent des signes de progrès sur fond de crainte d’une famine dans la bande de Gaza et d’une opération armée dans le secteur de Rafah, où s’entassent 1,5 million de personnes.
Le chef des services de renseignement israéliens, le Premier ministre du Qatar et des responsables égyptiens devaient se rencontrer le 18 mars à Doha pour parler d’un éventuel accord de trêve à Gaza.
Selon le site américain Axios, des discussions « positives » ont bien eu lieu et les négociateurs israéliens vont rester à Doha pour continuer les pourparlers « détaillés » avec les médiateurs qataris et égyptiens. De son côté, le département d’État a annoncé que le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, se rendrait en Arabie saoudite le 20 mars, et en Égypte le lendemain dans l’espoir de débloquer la situation.
Israël avait annoncé l’envoi d’une délégation à Doha, sans préciser la date, après ce qui apparaît comme un infléchissement de la position du Hamas se disant prêt à une trêve de six semaines après avoir longtemps demandé un cessez-le-feu définitif.
« Nous avons accepté qu’il y ait un retrait partiel de la bande de Gaza avant tout échange, et après la première étape, un retrait total », a affirmé l’un des responsables du Hamas, Oussama Hamdan. « Durant la première étape, il y aura un arrêt total des opérations militaires », a-t-il ajouté en évoquant des discussions qui pourrait se poursuivre sur « quelques jours ».
« Plus de mal que de bien »
Benjamin Netanyahou a indiqué avoir dit au président américain Joe Biden qu’Israël était déterminé à « atteindre tous les objectifs de la guerre » à Gaza dont « l’élimination du Hamas », selon un communiqué publié par ses services.
« Nous avons discuté des derniers développements de la guerre dont l’engagement d’Israël à atteindre tous les objectifs de la guerre : l’élimination du Hamas, la libération de tous nos otages et s’assurer que Gaza ne constitue plus une menace pour Israël tout en fournissant l’aide humanitaire nécessaire » à la population civile, a déclaré le Premier ministre israélien dans ce communiqué.
Cette conversation téléphonique était, selon la Maison Blanche, la première entre les deux hommes en plus d’un mois.
Joe Biden, qui a soutenu Israël de manière quasi inconditionnelle depuis l’attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre, s’éloigne de plus en plus ostensiblement de Benjamin Netanyahou. Il a ainsi estimé récemment que le Premier ministre israélien « faisait plus de mal que de bien » à son pays avec sa conduite de la guerre à Gaza, où le bilan humain ne cesse de s’alourdir et où la situation humanitaire catastrophique ne cesse de s’aggraver.
Il a aussi salué le « bon discours » prononcé par le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer, qui a réclamé l’organisation d’élections en Israël.
En dépit des pressions internationales, Israël se prépare à une opération terrestre à Rafah, ville où s’entassent selon l’ONU près de 1,5 million de Palestiniens, pour la plupart des déplacés. Alors que la guerre entre Israël et le Hamas ne connaît aucun répit, le président américain Joe Biden a estimé qu’une offensive terrestre à Rafah voulue par Israël serait « une erreur » et a obtenu la venue à Washington d’une délégation israélienne pour en parler, selon son conseiller à la sécurité nationale.
« Cimetière à ciel ouvert »
La catastrophe humanitaire majeure provoquée par la guerre et la famine qui se précise dans le nord du territoire assiégé suscitent des inquiétudes grandissantes. Un habitant sur deux à Gaza, soit plus d’1,1 million de personnes, connaît une situation alimentaire « catastrophique », en particulier dans le nord, ont prévenu lundi des agences de l’ONU, le patron de l’Organisation mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, évoquant une « famine imminente ».
Gaza est devenue un « cimetière à ciel ouvert », a soutenu le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, ajoutant que « la famine (était) utilisée comme arme de guerre ».
Washington a de son côté confirmé la mort du chef adjoint de la branche armée du Hamas, Marwan Issa, qui devient le responsable le plus haut placé tué sur ce territoire par l’armée israélienne depuis le début de la guerre.
La bande de Gaza est devenue un « cimetière à ciel ouvert » et « la famine (est) utilisée comme arme de guerre », a affirmé le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell. Israël a imposé un siège total à Gaza depuis le 9 octobre et contrôle l’entrée de l’aide humanitaire via l’Egypte, qui arrive au compte-gouttes dans le territoire dévasté, où selon l’ONU 2,2 millions des 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine.
L’ONG Oxfam a accusé Israël d’empêcher « délibérément » l’entrée des aides. « Israël autorise une importante aide humanitaire à Gaza, par terre, air et mer », a rétorqué le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz.
Les aides humanitaires, très insuffisantes, parviennent très difficilement dans le nord du territoire, où se trouvent actuellement plus de 300 000 personnes selon l’ONU. Un habitant sur deux dans le territoire, soit plus de 1,1 million de personnes, connaît une situation alimentaire « catastrophique », en particulier dans le nord où la famine sévira d’ici mai en l’absence de mesures « urgentes », ont prévenu les agences spécialisées de l’ONU.
AFP