UEMOA: la capacité de paiements extérieurs des banques commerciales est sous le coup de fortes pressions

La pression s’accentue sur les avoirs extérieurs nets des banques commerciales de l’UEMOA. Plusieurs éléments peuvent justifier cette situation. Ce risque pour le secteur bancaire sous-régional, offre des perspectives opportunes pour des entités financières ayant la capacité d’apporter du capital en devises étrangères.

Selon les données de la BCEAO, les banques commerciales de l’UEMOA font face à des pressions sur leurs avoirs extérieurs. L’Agence Ecofin a analysé 12 notes de conjoncture mensuelle entre 2023 et 2024 et a constaté que dans 10 cas, ces établissements financiers ont enregistré une position négative sur leurs transferts nets.

En d’autres termes, les banques commerciales de l’UEMOA ont, presque chaque mois, payé davantage de factures extérieures qu’elles n’ont reçu de paiements.

Cette situation a entraîné une détérioration lente mais continue de la liquidité du secteur au fil du temps. Plusieurs indicateurs suggèrent que des difficultés commencent à apparaître, malgré la garantie de convertibilité illimitée du franc CFA, la monnaie utilisée dans les pays de l’UEMOA, en vertu d’un accord historique avec la France.

Le premier indicateur est la réduction significative des excédents de réserves des banques commerciales, qui sont passés d’environ 2635,8 milliards de FCFA en janvier 2022 (278% des réserves obligatoires) à 402,7 milliards de FCFA en janvier 2024, avant de connaître une légère remontée en février 2024.

Dans ce contexte de repli des avoirs extérieurs nets, la capacité de la banque centrale à couvrir les importations par ses propres avoirs extérieurs nets a également diminué, passant de 4,5 mois en juin 2023, à seulement 3,4 mois d’importations possibles à la fin 2023.

Cela peut expliquer pourquoi, malgré le recul de l’inflation, la BCEAO maintient ses principaux taux à des niveaux élevés par rapport à ce qu’on a souvent constaté.

Elle veut éviter un système de crédit facile qui perturberait cette fois le taux de couverture de la monnaie. Cependant, il est important de noter que la situation de liquidité extérieure des banques commerciales varie selon les pays de l’UEMOA.

Le Bénin se distingue par la solidité de ses banques commerciales, dont les avoirs extérieurs nets atteignaient 2590 milliards de FCFA en novembre 2023.

Toutefois, ce qui constitue un défi pour plusieurs banques de l’UEMOA semble créer des opportunités pour d’autres institutions financières.

La Côte d’Ivoire a bénéficié d’une nouvelle solution lui permettant de sécuriser des paiements extérieurs pour un montant de 96 millions d’euros (63 milliards de FCFA). Pour le Sénégal, une structuration analogue est en cours de discussions pour près de 326,4 millions $.

À l’heure actuelle, il est difficile pour le grand public de comprendre les causes exactes de cette dégradation continue de la position nette des banques sur leurs opérations de transfert.

Cependant, la littérature économique et financière suggère que cette situation pourrait être liée à des déséquilibres commerciaux exacerbés par l’inflation mondiale, ou à des sorties de capitaux résultant de la volonté des investisseurs internationaux de se protéger des risques de repli économique.

ecofin

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