Ukraine: attaque massive de missiles et de drones russes, Moscou en «état de guerre»

Au moins deux personnes sont mortes en Ukraine après que la Russie a lancé quelque 90 missiles et 60 drones explosifs contre les infrastructures énergétiques du pays lors d’une attaque massive dans la nuit du jeudi 21 au vendredi 22 mars 2024. Moscou est « en état de guerre » en Ukraine, reconnaît désormais le Kremlin.

La Russie est « en état de guerre » contre l’Ukraine, a reconnu ce 22 mars, Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, dans un entretien au média Argoumenty I Fakty, après une nuit marquée par des frappes massives contre l’Ukraine.

Dans cette interview, Dmitri Peskov a également rappelé l’objectif du Kremlin de conquérir entièrement les quatre régions ukrainiennes (Kherson, Donetsk, Lougansk et Zaporijjia) dont Moscou revendique l’annexion depuis septembre 2022.

« Il y a eu plus de 60 Shahed et presque 90 missiles de différents types », a énuméré le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux, ce 22 mars, présentant ses « condoléances aux familles de ceux qui ont été tués par cette terreur ».

Selon le président ukrainien, les attaques ont visé « des centrales électriques, des lignes de haute tension, un barrage hydroélectrique, des résidences et même un trolleybus ».

«Pour le moment, il y a deux morts et au moins huit blessés à Khmelnytsky » région de l’ouest, a indiqué de son côté le ministère de l’Intérieur, « il y a également six blessés à Zaporijjia, trois personnes sont portées disparues sur le site des attaques », a-t-il encore précisé.

Sept régions ukrainiennes privées d’électricité
Les frappes russes massives sur les infrastructures énergétiques de l’Ukraine ont entraîné, ce vendredi au matin, des coupures d’électricité dans au moins sept régions du pays, a indiqué l’opérateur ukrainien Ukrenergo. « Des dizaines d’installations électriques ont été endommagées. Coupures d’urgence dans sept régions.

Le système électrique reçoit une assistance d’urgence venue de trois pays », a indiqué cette source dans un communiqué sur Telegram, précisant que la situation « la plus difficile » concernait les régions de Kharkiv (est), Odessa (sud), Kirovograd (centre) et Dnipropetrosvk (centre-est).

En outre, une des deux lignes électriques alimentant la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, occupée par Moscou, a été coupée par un bombardement, a aussi annoncé le ministre ukrainien de l’Énergie, Guerman Galouchtchenko.

« Cette situation est extrêmement dangereuse et menace de déclencher une situation d’urgence, car dans l’éventualité d’une déconnexion de cette dernière ligne de communication avec le réseau électrique national, la centrale nucléaire de Zaporijjia sera au bord d’un nouveau black-out », a averti Energoatom, l’opérateur ukrainien.

Le ministre de l’Énergie a jugé que le bombardement nocturne du pays était « la plus grande attaque contre l’industrie énergétique ukrainienne de ces derniers temps ».

Le président ukrainien a lui indiqué que la Russie avait visé Kharkiv et sa région, ainsi que les régions de Zaporijjia, Soumy (nord), Poltava et Dnipro (centre), Odessa (sud), Khmelnytsky, Vinnytsia et Frankivsk (ouest). L’armée de l’air ukrainienne a précisé que la défense anti-aérienne a pu abattre 55 Shahed sur 63 et 37 missiles sur 88.

« Les Shahed ne sont pas indécis, contrairement à certains politiciens », a ironisé M. Zelensky
M. Zelensky s’est dès lors une nouvelle fois agacé des lenteurs de l’assistance occidentale, alors que l’aide américaine est bloquée depuis des mois à cause de rivalités politiques entre républicains et démocrates et que celle de l’UE a pris un important retard. « Les missiles russes n’ont pas de retard, à l’inverse des paquets d’aide à notre pays.

Les Shahed ne sont pas indécis, contrairement à certains politiciens », a-t-il ironisé.

La Russie avait déjà lancé jeudi à l’aube une attaque massive contre Kiev, la première depuis début février, mais l’Ukraine avait dit avoir abattu une trentaine de missiles. Vladimir Poutine avait promis précédemment qu’il allait se venger de la multiplication des attaques ukrainiennes ces dernières semaines qui touchent le territoire russe, plus de deux ans après qu’il a ordonné l’invasion de son voisin.

Le Kremlin avait longtemps assuré aux Russes que la guerre n’affecterait pas leur quotidien ni le territoire du pays, mais avec la présidentielle russe de la mi-mars ces attaques se sont multipliées.

Combattants pro-Ukraine arrêtés
Une personne a été tuée et plusieurs autres blessées vendredi matin dans une frappe sur la région russe de Belgorod, frontalière de l’Ukraine, a indiqué le gouverneur local. Le ministère russe de la Défense a indiqué avoir détruit vendredi matin au-dessus de cette région huit roquettes tirées par le système de lance-roquettes Vampire en provenance de l’Ukraine.

Par ailleurs, les services de sécurité russes (FSB) ont annoncé, ce 22 mars, avoir arrêté à Moscou sept personnes accusées d’être en lien avec un groupe de combattants pro-Ukraine, auteur d’incursions armées en Russie ces derniers jours.

Les suspects auraient été en contact avec le Corps des volontaires russes, désignée comme « organisation terroriste » par Moscou, afin de « mener des actions violentes contre des représentants des forces de l’ordre, des militaires et des étrangers », a indiqué le FSB, cité par les agences russes, assurant avoir empêché la création d’un « groupe criminel » dans la capitale.

rfi

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